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l’esprit de charité dont le Christ est venu donner l’exemple sur terre ; il savait concilier les parties et faire appel plutôt à leur cœur et à leur fraternité chrétienne qu’à leurs intérêts et à leurs appétits ; mais encore une fois, une autre justice est venue remplacer la nôtre, on nous a relégués à nos confessionnaux et votre litige ne relève pas de notre juridiction. Tout au plus, puis-je voir le Père Jean, le confesseur de M. Hainault et le prier d’intervenir en votre faveur auprès de son pénitent.

— Vous consentiriez à faire cette démarche mon Père ?

— Avec plaisir, ma chère enfant. Ne suis-je pas un ministre du Dieu qui disait jadis à ses disciples : « Aimez-vous les uns les autres » ?

— Que je vous dois de remerciements !

— Ne vous réjouissez pas trop vite, je ne suis pas certain du succès. Dans une circonstance comme celle-ci, nous devons forcément nous borner à donner un conseil, faire un appel à la générosité ; nous ne pouvons imposer une direction précise. Revenez demain midi, d’ici là, j’aurai vu le Père Jean, il verra Monsieur Hainault et je vous donnerai le résultat de nos démarches.

— Que vous êtes bon !

— Allez et priez…

En rentrant chez elle, Mlle Perrin était radieuse. Elle avait dans le pouvoir du prêtre une telle confiance qu’elle ne songea pas un seul instant qu’il pût échouer dans la mission qu’il avait accepté de remplir.

Midi, le lendemain, la trouva à la porte du parloir du monastère. Elle avait hâte d’apprendre du Père François le verdict qu’il devait prononcer.

— Hélas ! ma chère enfant, je n’ai pas été heureux dans ma mission… J’ai bien plaidé de mon mieux votre cause auprès du Père Jean et je sais que ce bon Père a dû déployer le même zèle auprès de son pénitent, mais M. Hainault n’a rien voulu entendre. D’ailleurs le Père Jean me dit que les arguments de M.