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La Villa des Ancolies

si bon, si généreux. Grand Dieu que le monde est méchant ! Que faire ? Mais oui, il n’est pas trop tard, si j’allais voir ce bon Père, lui seul peut me tirer d’embarras. »

Une heure plus tard, le religieux la recevait au parloir de la communauté : « Bonjour Mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?

— Mon père, c’est bien délicat ce que je viens vous demander.

— Voulez-vous être entendue en confession ?

— Non, mon Père, merci, ce qui m’amène ne relève pas du tribunal de la pénitence, c’est un service que je voudrais vous demander.

— Et quel est ce service ?

— Tout d’abord, connaissez-vous M. Paul Hainault, mon Père ?

M. Hainault ? Mon Dieu, pas très intimement ; mais enfin je l’ai rencontré quelques fois. Est-ce que par hasard, M. Hainault et vous seriez en train de filer une idylle ?… Est-ce pour me demander des renseignements sur ce jeune homme que vous êtes venue ? Alors…

— Mon Père, si vous saviez en quels termes nous en sommes M. Hainault et moi, vous ne feriez pas de suppositions pareilles. Mais n’êtes-vous donc pas au courant ?

— Vous savez, mon enfant, le cloître est un abîme qui nous sépare du monde et nous ne savons des vains bruits du dehors que ce que l’on vient nous raconter au confessionnal. Enfin, dites-moi vos troubles.

Alors Mlle Perrin fit au religieux le récit des événements dont nous avons été témoins, sans oublier la fameuse lettre d’avocat qu’elle lui fit lire.

— Oui ! Oui ! ma pauvre enfant, je vois votre embarras et j’y compatis de tout cœur ; mais hélas ! que puis-je réellement faire pour vous ? Nous ne sommes malheureusement plus au temps bienheureux où le prêtre était le juge de toutes les disputes de ses ouailles, il savait alors imprégner ses jugements de