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326 niSTOlRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.

cette retraite qu'il composa ses Lettres provinciales (1656) écrites pour défendre les religieux de Port-Royal contre leurs adversaires. La clarté, la brièveté, une élégance inconnue jusque-là, une ironie mordante et naturelle, une véhémence qui s"eléve au niveau de ce que rélo(iuence antique a produit de plus achevé, sont les prin- cipales qualités qui, au point de vue littéraire, rendront iuimorlelle cette œuvre de Pascal. H travaillait à un grand ouvrage sur le christianisme, lorsque la mort le surprit à Tàge de trente-neuf ans. Les fragments de cet ouvrage trouvt'S dans ses papiers ont été publiés plus tard sous le titre de Pensées. La sublimité de quelques-uns de ces morceaux les met au niveau de tout ce qui a été écrit de plus parlait (V. Morceaux choisis, p. .365).

La philosophie et la controverse religieuse avaient engen- dré des chefs-d'œuvre pendant la première moitié du xvii<= siècle. Les autres genres en prose n'atteignirent pas à cette hauteur. Toutefois dans le genre historique, la France eut alors Mézeray et le cardinal de Retz, d'ailleurs de mérites très inégaux.

Mézeray (1618-1083) a composé une Histoire de France (]ui jouit des son ai)parition d'une immense popularité. Cette histoire, assez peu exacte jusqu'à saint Louis, devient depuis ce roi jus- qu'au règne de Louis XIII d'une fidélité irré|)rochable. Le style de Mézeray est naturel, énergique, animé: mais il a beaucoup vieilli. On doit encore au même historien un Traité de Vorigine des Fran- çais ou Histoire de France avant Clovis.

Paul de Gondi, cardinal de Retz, coadjutour de l'archevêque de Paris, né en 101 i. mort en 107S. ]Militi(iue brouillon et sans vues, conspirateur émérite, présenterait dans l'histoire une ligure assez effaci'e s'il n'avait laissé des Mémoires qui sont un des monuments de la langue fran(;aise. « Ils sont écrits, dit Voltaire, avec un air de grandeur, une impétuosité de génie et une inégalité qui sont l'image de sa conduite. »

��DEITXIÉME PÉRIODi; DU SIÈCLt Dî LOUIS XIV (ie61-17i5)

La deuxième période du xvii^ siècle commence avec le gouvernement personnel de Louis XIV. Los littérateurs sont obligés (le tenir rompte des idées fpii règneni à la cour; la discipline s'établit dans les lettres comme partout ailleurs. Un goût très épuré a rendu les auteurs un peu timides, bien peu conservent complètement leur individualité ; quel- ques-uns cependant, comme La Fontaine, échappent à cette influence toute-puissante de Versailles.

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