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HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE. 325

frérjuonta le monde, devint soldat, assista au siège de la Rochelle, puis se mit à voyager. Poursuivi par les ennemis que lui susci- taient ses écrits, il se réfugia en Hollande, où il vécut vingt ans et où il composa ses principaux ouvrages. En 1649, <;édant aux ins- tances de Christine*, reine de Suède, il alla s'établir prés de cette souveraine; mjus la rigueur du climat eut sur sa santé déjà alTui- hlie la plus funeste iniluence, et il mourut à Stockholm quelques mois après son arrivée.

Descartes se plaça au premier rang- des philosophes et des écri- vains par son Discours sur la Mct/iode j)ublié en IU-'i7. Dans cet ouvrage, il expose la marche qu'il a suivie pour se créer une doc- trine d'une certitude absolue; il montre comment, après s'être imposé un doute universel, il est sorti de ce doute en rétléchissant à sa propre existence. C'est alors qu'il énonce son fameux axiome : Je pense, donc Je suis. Nous ne pouvons ici développer sa doctrine philosophique, qui s'appela de son nom le cartésianisme. Les plus grands philosophes français du \sn^ siècle, Malebranche, Bossuet, Fénelon, se faisaient honneur d'être cartésiens.

Outre Sun Discours sur la Méthode, on a de lui des Méditations philosophiijues, des Principes de plnlosopliie et divers écrits en latin.

Dix-neuf ans plus tard un nouveau chef-d'œuvre, dû à la plume de Pascal, illustrait la prose française.

Biaise Pascal, né à Clermont-Ferrand, en 1623, mort à Paris en 160"^, montra dès l'enfance une prodigieuse aptitude pour les ma- t!.emati(iues. A douze ans, il découvrait seul, sans maître et sans livres, les éléments de la géométrie; à seize ans, il écrivait en la- tin son premier ouvrage. Elfrayé de cette précocité, son père dut le détourner d'études excessives qui minaient sa santé déjà débile. Pascal dès lors fréquenta le monde durant quelques années; mais, à la suite d'un accident où il faillit périr, il se retira à Port- Royal 1 et se consacra tout entier aux exercices de piété. C'est dans

1. Port-Hoyal était une célèbre abbaye de femmes, située près de Clievrcusc (Scine- et-Oise). Kllc datait du cuuiniencement du xiii» siècle. Mais elle n'aciiuit do la célébrité que sous la mère Angélique Arnauld qui en devint abbcsse en ItiOS. Quelques savants hommes, presque tous jiarcnts des religieuses, se retirèrent en IfiHG à Port-Roijal- des-Champs une succursale existait à Paris) dans une dépendance de l'abbaye où ils fondèrent, sous le nom de Petites Écoles, un établissement d'instruction. Les illustres membres de cette petite congrégation sont connus sous le nom de Solitaires de Port- Royal.

Tous les solitaires, partisans des mêmes idées tliéologiques, concevaient un christia- nisme rigide qui les porta à adhérer aux doctrines de Jansénius, évèque d'Ypres, sur la grâce et la prédestination, et les fit accuser de pencher vers le calvinisme. On les qua- lifia de Jansénistes. La plupart furent mis à la Bastille ou forcés de s'exiler.

Les jansénistes de Port-Royal, religieuses et solitaires, refusant do signer le formulaire qui condamnait la doctrine de Jansénius, Louis XIV obtint de Clément XI, en 1708, la suppression des monastères de Port-Royal, et fit raser, en 1710, Port-Royal-des-Champs.

L'influence exercée par Port-Royal sur la littérature du xvii» siècle fut immense. Les écrivains de cette secte célèbre, Ariiauld d'.indilhj, .Antoine Arnauld, Le Maistre de Sacy, Nicole, Claude Lancelot, Pascal, etc., contribuèrent beaucoup à former le goût et à déshabituer les auteurs du patlws et de l'enflure qui étaient alors fort en vogue. Ils ne contribuèrent pas peu à faire sentir le prix de la simplicité et du naturel.

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