320 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.
Au xvie siècle la langue française subit des modifica- tions importantes dues à deux intluences diiïérentes : Vita- lianisme et l'imitation pr^médiU-e du grec et du latin. De leurs expéditions aventureuses en Italie, les Français rap- portèrent et introduisirent dans leur langue une foule de termes dont beaucoup sont demeurés. Quant aux change- ments déterminés par l'imitation du grec et du latin, ils n'ont eu, sauf quelques-uns dont la langue porte encore les traces, qu'une durée éphémère.
Pendant le xxi" siècle la prose fut infiniment supé- rieure à la poésie. Néanmoins, comme pour les autres époques, nous commencerons la revue des auteurs par les poètes.
Deux grandes écoles poétiques se partagent tout le xvi'= siècle : l'une personnifiée dans Clément Marot, l'autre dans Ronsard.
I.'école de Clément Marot continue en quelque sorte la tra- dition des Trouvères. L'école de Ronsard innove en toutes choses et s'efforce de rapprocher autant que possible notre langue du grec et du latin. Elle tente d'introduire chez nous les mots composés qui répugnent à la nature de notre idiome; elle transplante en français des mots grecs ou latins à peine déguisés; elle multiplie les inversions.
Clément Marot (149'1-1.")44) écrivit d'ordinaire en vers de dix syllabes. 11 s'exerça dans la ballade, le triolet, le rondeau, la mas- carade*, la pastorale, Pélég-ie, la satire et même la fable. Les ipia- lités de son style sont la clarté et la fermeté. Celles de sa coinipu- silion sont : l'élégance, la grâce, la délicatesse, la malice et l'en- jouement.
Pierre de Ronsard 1.124-1.^85) fut le chef de l'école novatrice dont le proHHiteur avait été Joachim du Bellay. Les œuvres de Ronsard se composent de sonnets, d'odes, d'hymnes, d'églogues, de mascarades, d'une pièce intitulée le Bocage roi/al, etc. Le juge- ment de Boileau sur Ronsard est d'une sévérité certainement excessive. Le style de ce dernier a souvent de la noblesse et de l'harmonie, et l'on ne peut disconvenir qu'il manie majestueuse- ment le vers alexandrin. La bigarrure des mots grecs et latins semés dans ses poésies en constitue le défaut principal. .\ux yeux de ses contemporains, Ronsard passait pour le roi des poètes; c'était un soleil autour duipiel gravitaient, comme autant d'étoiles, les disciples de l'heureux poète, dont la troupe avait été surnommée la Pléiade. Les principaux membres de cette pléiade étaient : Joachim du Bellay, liàif, Jamyn, Belleau, Jodelle et Pontlius ae Tiard.
�� �