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HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.

était encore trop indécise pour que nos auteurs nationaux pussent l’employer. Aussi écrivaient-ils tous dans un latin plus ou moins barbare.

Ceux d’entre eux qui méritent d’être cités, non par la valeur littéraire de leurs œuvres, écrites en latin d’un style barbare, mais à cause des précieux renseignements qu’ils nous fournissent sur les premiers siècles de notre histoire, sont :

Grégoire, évêque de Tours (539-593), qui a laissé, outre divers ouvrages, une Histoire ecclésiastique des Franks, qui intéresse vivement par sa naïveté, sa bonhomie et son grand sens moral.

Frédégaire, le continuateur du précédent, et dont la chronique ou abrégé d’histoire universelle, en cinq livres, n’offre d’intéressant que le dernier, qui retrace les événements survenus dans notre pays de 584 à 641.

Éginhard, mort en 844, secrétaire de Charlemagne, qui a composé une vie de ce grand prince et auquel on attribue, sans certitude, des Annales des rois franks de 741 à 829.

Un anonyme* désigné sous le nom de le Moine de Saint-Gall, qui écrivit en 885 les Gestes de Charlemagne.

Abbon, moine de Saint-Germain-des-Prés (850-923), témoin occulaire du siège de Paris par les Normands (886-887). Il composa sur cet important événement un poème latin précieux par les détails qu’il contient.

Les auteurs des Grandes Chroniques de France ou de Saint-Denis, qui furent des moines de cette abbaye, et dont l’œuvre fut plus tard traduite en français.

À côté des ouvrages latins que nous venons d’énumérer, nous citerons les premières lignes écrites en langue française qui soient parvenues jusqu’à nous. Ce sont :

Les Serments de Louis* le Germanique et de Charles* le Chauve, dits encore Serments de Strasbourg (842).

La Cantilène de sainte Eulalie (ixe siècle), composée de vingt-cinq vers.

Le Fragment de Valenciennes, lambeau d’un sermon (xe siècle).

DEUXIÈME ÉPOQUE (xie et xiie siècles).

La deuxième époque vit éclore une poésie toute spontanée, très brillante et vraiment française. Cette poésie a pour organe la langue d’Oc, au midi de la Loire, et la langue d’Oil, au Nord.

La langue d’Oc donna naissance à la littérature qu’on