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des expéditions des Franks dans la pénin- sule. En 757, Pépin décidait que la lèpre constituait un cas de divorce, et en 789 Charlemagne retranchait complètement les lépreux de la société. Mais ce ne fut qu'au moyen âge, pendant les xie, xu° et xin« siè- cles, que la lèpre prit une extension consi- dérable dans toute l'Europe occidentale où elle fut propagée par les armées qui reve- naient des croisades. La lèpre était alors connue sous le nom de mal cte Lazare et ceux qui en étaient affectés étaient qualifiés de ladres ou de mézels. On reléguait ces malheureux dans des hospices spéciaux ap- pelés léproseries, et le nombre des malades était devenu si considérable, que l'on ne compta pas moins de 19000 de ces établis- sementsdans l'Europechrétienne; la France, pour sa part, en avait environ 2000. Sous les Valois directs, la lèpre continua à exercer de grands ravages dans notre pays; mais peu a peu, avec la diffusion du bien-être, elle alla en diminuant. Néanmoins elle ne dis- des lépreux le long du golfe de Gènes, de- puis Nice jusqu'à Chiavari, et il s'en trouve aussi dans les lagunes de Comacchio. Cette maladie gagne tant de terrain en Sicile que 1 on a récemment proposé d'y rétablir des léproseries. La Grèce, et principalement l'ile d'Eubée, sont attaquées de ce fléau. En Tur- quie, il sévit dans un certain rayon autour de Constantinople- La plupart des îles de l'Ar- chipel en sont aussi infestées. La plus grande partie des côtes de l'Afrique en est souillée. Il est très commun au Maroc, se fait sentir en Algérie, en Tunisie, dans la Tripolitaine, et est une des plaies de l'Ésypte. Dans ce pays, il est endémique dans toute la vallée du Nil jusqu'aux sources de ce fleuve, c'est- à-dire très avant en Afrique, ainsi que sur la côte occidentale de la mer Rouge. Sur le littoral africain de l'Atlantique, la lèpre exerce de grands ravages en Sénégambie et au Congo. Enfin, à l'extrémité S. de l'A- frique, la colonie du Cap paye un large tribut à cette maladie. Sur la côte de l'océan Indien, le Mozambique compte encore un grand nombre de lépreux puis à partir du N. de ce pays jusqu'au delà du cap Guar- dafui, tout le littoral en est indemne. On voit que tous les pays africains que nous parut point entièrement, et en 1782 on la signalait encore en Auvergne où elle existait sporadiquement depuis les environs du mont Dure jusqu'auprès de Salers; on l'ap- pelait dans cette région le mal de Saint- Main. On en attribue l'extinction au dessè- chement d'un grand nombre de lacs et d'étangs de la contrée. Aujourd'hui la lèpre n'existe plus en France que sur le littoral de la Méditerranée, encore même y est- elle très rare. Cependant on en constate des cas le long de l'étang de Berre, à Mar- tigues, à Vitrol, à Turbie et à Nice. De nos jours, la lèpre est inconnue en Suisse, en Allemagne, en Belgique, en Hollande et en Angleterre. Les deux seuls points de l'Europe septentrionale où elle sévisse avec une certaine intensité sont la côte de la Norvège depuis le cap Nord jus- qu'au sud de Bergen, et la côte orientale de la Baltique, comprenant la Finlande, l'Es- thonie et la Courlande. On remarque que Saint-Pétersbourg et ses environs en sont CARTE DES PAYS OU RÈGNE LA LÈPRE venons d'énumérer sont dans le voisinage de la mer. Néanmoins, par exception, la lèpre a élu domicile dans le Darfour, au centre même du continent. Les iles orien- tales de l'Afrique, Madagascar, la Réunion, l'ile Maurice sont au nombre des pays ou il y a le plus de lépreux. En Asie, la lèpre est encore endémique dans la partie occidentale de l'Anatolie, en Syrie, en Palestine, en Perse, sur le littoral E. de la mer Rouge, sur la côte S. -O. du golfe Persique, dans toute l'Inde anglaise ainsi qu'à Ceylan, en Indo-Chine et surtout en Chine, où, dans certaines provinces du S., on compte un lé- preux par 1000 habitants. De la côte S. - E. de l'Asie, le fléau s'étend aux ilesdelaSonde et aux Philippines ainsi qu'à l'archipel du Japon. Au N. de celui-ci, le Kamtchatka est un des foyers les plus actifs de la lèpre. Elle est endémique dans la terre de Vic- toria, au S. - E. de l'Australie, dans tout l'archipel de la Nouvelle-Zélande et dans la plupart des îles polynésiennes de l'océan Pacifique. Dans l'Amérique du Sud, la lè- pre règne aux Antilles, dans les Guyanes, dans la république de l'Equateur, dans les provinces méridionales du Brésil et dans 1 Uruguay. Dans l'Amérique centrale, il y a exempts. La Suède, où il y avait autrefois beaucoup de lépreux, n'en.olTre plus que sur une étendue assez restreinte de la partie moyenne des côtes de la Baltique, dans la province de Helsingeland. La lèpre, très commune autrefois aux îles Féroé, y devient de plus en plus rare, et elle diminue en Islande où eLe était autrefois très fréquente. Dans l'Europe orienta.le, la lèpre règne dans les monts Curais, en Crimée, sur les rivages septentrionaux et orientaux de la mer d'Azov et de la mer Noire, dans la vallée inférieure du Don, dans toute la région du Caucase et sur le littoral 0. de la mer Caspienne d'où elle s'étend dans une grande partie de la Perse. L'Europe méditerranéenne a encore beaucoup à souffrir de cette dégoûtante maladie. Elle tend à augmenter en Espagne, dans les Asturies, en Galice, en Catalogne, dans le royaume de Valence, et en Anda- lousie, particulièrement à Grenade. En Por- tugal, on compte environ 3000 lépreux dans le district de Laloës. En Italie, on rencontre un îlot de terres au S. du Yucatan où la lèpre est commune. Elle est excessivement fréquente sur toute la surface du Mexique, aussi bien sur les hauts plateaux que dans les terres basses. Le district canadien du Nonveau-Brunswick, la presqu'île d'Alaska et les îles Aléoutiennes sont les seuls points de l'Amérique septentrionale où la lèpre ait acquis un certain développement.Cependant dans une situation beaucoup plus boréale encore, à l'extrémité S. du Groenland, la lèpre fait relativement de nombreuses vic- times. Toutes les îles de l'océan Atlantique rapprochées de l'ancien continent, les Açores, Madère, le? Canaries, les îles du Cap-Vert, Sainte-Hélène ont, parmi leurs habitants, un certain nombre de lépreux. De l'énumération des contrées atteintes de la lèpre, il résulte que cette maladie frappe surtout le littoral des mers ainsi que les îles. Avant la découverte du bacille qui en est la cause, on croyait que la lèpre était surtout engendrée par l'humidité et par une alimentation consistant surtout en poisson. Il y a une certaine part de vérité dans cette double assertion il faut voir dans ces deux faits des causes débilitantes qui prédispo- sent les individus à l'invasion du microbe.