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tandis que le protoptère possède à la fois des branchies internes et des branchies ex- ternes. Mais tandis que le cératodus n'a qu'un poumon unique, le lépidosiren en a deux, ainsi que le protoptère. Le squelette du lépidosiren est mou, cartilagineux, très peu développé, en un mot analogue à celui des sélaciens et des poissons primitifs. Chez lui, le cerveau et le tube digestif sont égale- ment semblables à ceux de ces derniers êtres. Le lépidosiren paraît se nourrir d'a- liments végétaux. Les partisans de la doc- trine de l'évolution regardent cet animal et les deux autres dipneustes comme issus des sélaciens qui, eux-mémes, résulteraient de la transformation des poissons primitifs. (V. Poissorz.) Dans les anciens âges géolo- giques, aux périodes dévonienne, carboni- tère et permienne, les genres de dipneustes semblent avoir été très nombreux. Un ou plusieurs de ces genres, en se perfection- nant dans la suite des temps, seraient deve- nus des amphibies inférieurs, d'abord ana- logues aux dipneustes et tels que sont aujourd'hui le protée, la sirène et l'axolotl; puis, ces amphibies inférieurs s'é,levant en- core d'un degré dans l'échelle de l'anima- lité, auraient subi des modifications qui les auraient rendus analogues à nos triions et à nos salamandres. Enfin, une nouvelle transformation de ces amphibies pareils aux salamandres aurait donné les batra- ciens les plus élevés de la classe, c'est-à - dire les batraciens anoures dans lesquels sont compris les grenouilles et les crapauds. Gr. Quelques naturalistes écrivent lépi- dosirène et donnent le genre féminin au mot ainsi orthographié. LÉPIDUS (Marcus jEmilius), homme d'Etat de la république romaine qui fit par- tie avec Antoine et Octave du deuxième triumvirat. Mort en exil l'an 3 av. J .- C . LÉPORIDE (1. lepus, génitif leporis, lièvre + sfx. ide, du g. eîSoç, forme), srn. Mammifère hybride obtenu par le croise- ment du lièvre mcile avec la lapine, consti- tuant, pour ainsi dire, une espèce artificielle dont tous les sujets sont indéfiniment féconds entre eux. Pour obtenir des léporides pré- sentant les plus grands avantages possibles au point de vue économique, on commence par accoupler un lièvre avec une lapine, puis la femelle née de ce premier accouple- ment avec un père lièvre. On a de la sorte ce que fon appelle un quarteron; en unis- sant ce quarteron avec une femelle clenzi- lièvre et demi-lapin, on a un nouvel hybride doué de toute la perfection que l'on peut souhaiter sa tète est plus grosse que celle du lapin, ses yeux sont plus grands que chez ce dernier animal; il a des membres postérieurs presque aussi longs que ceux du lièvre, et des membres antérieurs plus déve- loppés que ceux du lapin; son pelage est d'un gris roux et de meilleure qualité que celui du lièvre sauvage; il se vend beaucoup plus cher. En même temps la chair de ce léporide a une couleur rougeâtre et un goût particulier quelque peu analogue il celui de l'aile d'un dindon. Cette chair est infiniment plus délicate que celle du lapin de garenne. En raison de toutes les qualités que nous venons d'énumérer, le léporide constitue une nouvelle espèce domestique que l'on ne saurait trop multiplier. D'ailleurs cette mul- tiplication offre peu de difficultés, vu sa fé- condité indéfinie. C'est il M. Roux, éleveur aux Bardincs, près d'Angoulème, que l'on est redevable de la création de ce nouveau produit qui peut rendre d'immenses services au point de vue de l'économie domestique. Les premiers essais de cet éleveur distingué ont eu lieu en et dès iS;jO il avait passé l'ère des tâtonnements et trouvé les règles pratiques conformément auxquelles on peut se livrer avec fruit il l'élevage des léporides. L'illustre Broca a mis en lumière tous les avantages que l'on pouvait retirer de cette innovation, et, de plus, il a fait ressortirtoute l'importance de cette tentative pour la so- lution scientifique de la question de l'es- pèce. (V. lapin et Lièvre.) Gr. C'est il Broca qu'est due la création du mot lépo-

  • LÉPORIDÉ, ÉE et *I.ÉPORIN, 1NE

(1. lepus, génitif leporis, lièvre), adj. Qui ressemble, qui se rapporte au lièvre. LÈPHE (I. lepra; g. )inpa, de l'adj. ) .e- itpôj, écailleux; cet adjectifla même racine que le verbe lizsiv, écosser, peler, écailler), sf. Maladie infectieuse chronique qui affecte surtout la peau et les membranes muqueuses de la bouche et du larynx. On sait aujour- d'hui qu'elle est causée par un microbe que l'on nomme le bacille de la lèpre. Ce bacille a la forme d'un petit bâtonnet; il est doué de mobilité et il ressemble extrêmement au bacille de la. tuberculose. Il a été découvert en 1874 par le docteur norvégien Armauer Hansen. La lèpre peut attaquer les hommes dans tous les climats; mais elle sévit sur- tout sur le bord de la mer et dans les pays où il y a de nombreux lacs. Sa durée peut être de 15 à 2U ans, et elle se termine cons- tamment par la mort. On distingue trois variétés de lèpre la lèpre tuberculeuse, la lèpre anesthésique et la lèpre mixte. La lèpre tuberculeuse débute par l'apparition sur la peau de taches arrondies, irrégulières, brunes ou de couleur sépia, et recouvertes d'un épiderme lisse, brillant et comme ver- nissé puis, dans l'étendue de chaque tache, on voit se soulever de petites saillies qui finissent par atteindre la grosseur d'une lentille, d un pois, ou même d'une noisette. Ces saillies, molles, parsemées de bosselures et séparées les unes des autres par des BACILLE DE LA LÈPRE rides, des dépressions dont les bords for- ment comme des bourrelets, sont ce que l'on appelle les tubercules de la lèpre; elles naissent d'un épaississement progressif du derme. Dans leur intérieur on aperçoit de grandes cellules dont chacune contient un nombre considérable de bacilles. C'est sur- tout la face qui est particulièrement atteinte, et elle finit par présenter un aspect hideux les paupières deviennent bouffies, le nez s'ammcit, se déforme, se couvre de bosse- lures, les lèvres s'épaississent, et la lèvre inférieure pendante ne cache plus les dents. Un peu plus tard, les tubercules envahissent la muqueuse de la bouche, celle du larynx et la conjonctive. Les malades perdent sou- vent la voix. Puis les tubercules s'ulcèrent, il s'y forme des fissures, des érosions, il y a perte de substance; les doigts sont aussi al- térés on voit apparaître des tubérosités à leurs extrémités; ensuite ces tubérosités se fendillent et il sort de la plaie un pus san- guinolent. Il arrive d'ordinaire qu'une ou plusieurs phalanges se séparent des parties vivantes, se momifient et tombent. Au ni- veau des tubercules, la sensibilitécommence par s'affaiblir et finit par s'éteindre tout à fait. On peut enfoncer une longue épingle dans le tissu malade sans que le lépreux ressente aucune douleur. La lèpre tubercu- leuse est alors passée à l'état de la lèpre anesthésique dans sa période la plus avan- cée. La lèpre anesthésique se manifeste d'abord par l'apparition sur la peau de taches rouges ou brunes. Tantôt ces taches sont luisantes, tantôt elles sont parsemées de petits points résultant d'un dépôt de pigment. Presque toujours le derme est totalement insensible dans l'étendue des taches. Peu à peu ces taches blanchissent et les poils qui y sont implantés tombent les uns après les autres. D'autres fois elles s'infiltrent ou bien elles se recouvrent de bulles de pemphigus ou d'autres éruptions. Dans une période plus avancée de la maladie, la peau se ride, prin- cipalement sur la face qui n'exprime plus que la décrépitude. En même temps il sur- vient des ulcérations au niveau des articu- lations des doigts et des orteils; une ou plusieurs phalanges se détachent: les mains et les pieds semblent n'être plus que des moignons. Dans la peau attaquée par la lèpre anesthésique, il y a toujours beaucoup moins de bacilles qu'on n'en rencontre dans les bosselures produites par la lèpre tuber- culeuse. La lèpre mixte résulte tantôt d'une trans- formation de la lèpre tuberculeuse en lèpre anesthésique, et tantôt d'une transformation de la lèpre anesthésique en lèpre tubercu- leuse. Dans le premier cas, les mains et les pieds sont le siège de mutilations, et les mains prennent d'ordinaire l'apparence de griffes. Dans les trois variétés de lèpre, les nerfs finissent par s'altérer. Il s'introduit des ba. cilles dans leur tissu, et chaque filet nerveux se change en un cordon épais complète- ment inerte. Les parois des vaisseaux san- guins deviennent aussi plus épaisses; les tollicules pileux, les glandes sudoripares et sébacées finissent par disparaître. Le foie subit souvent la dégénérescence amyloïdo ou la dégénérescence graisseuse. Les reins sont aussi le siège de graves lésions; les ganglions du cou s'hypertrophient, etc. La mort termine toujours cette série d'accidents et jusqu'aujourd hui on n'a trouvé aucun moyen d'enrayer la maladie. On ne peut recourir à la méthode de M. Pasteur, parce que l'on n'a pas encore réussi à inoculer la matière virulente à un animal quel qu'il soit, et à atténuer par cette inoculation les pro- priétés nocives du microbe. De nombreuses observations ont établi l'hérédité de la lèpre souvent elle est transmise directement par ceux qui en sont atteints à leurs descendants immédiats; mais il n'est pas rare de la voir sauter une génération et passer des aïeux aux petits- enfants. On explique cette hérédité par la présence des bacilles qui, à la longue, finis- sent par se répandre dans toutes les parties du corps, et notamment dans les organes de la génération. La lèpre n'est pas autre chose que l'élé- phanliasis des Grecs, et conséquemment elle est fort différente par sa nature et par ses ca.rnctèvesdel'élij)/iantiasisdes Arabes. Il est fait mention de cette maladie dans les livres les plus anciens Moïse, au chapitre xm du Lévilique indique à quels signes on peut la reconnaître et prescrit que l'individu qui en sera atteint demeurera hors du camp, dans un lieu solitaire, et n'aura aucune rela- tion avec les autres Israélites. Ainsi, dès cette époque reculée, on classait la lèpre parmi les maladies contagieuses. Il en a été de même durant toute l'antiquité et au moyen âge. C'est seulement au xvn° et au xviii0 siècles que la plupart des médecins prétendirent que la lèpre ne pouvait se communiquer par le contact; mais de nos jours, depuis la découverte du bacille qui la produit, il est évident pour tous que cette maladie se transmet d'homme à homme et elle est mèmc le type le plus net des maladies bactériennes. A tort ou à raison, les auteurs anciens plaçaient en Egypte le foycr primitif de la lèpre. De cette contrée, elle se répandit dans toute l'Asie occidentale, en Palestine, en Syrie et dans la presqu'îlcde l'Asie Mineure. C'est à la suite de la conquête de l'empire des Perses par Alexandre qu'elle pénétra en Grèce.Pline écrit qu'inconnueantérieurement en Italie, elle y fut apportée par les soldats de l'armée de Pompée. Au Vite siècle, en 641, la Lombardio était attaquée à son tour, et en G43 une ordonnance du roi lombard Lo- tharis enjoignait aux lépreux de vivre isolés, les déclaraitmorts civilement et transmettait leurs biens à leurs .héritiers. De la Lom- bardie, la lèpre passa en France à la suite