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vit impitoyablement. » (Virmaitre, 1867.)

BLACKBOULER : Refuser. — « Pour rejeter on dépose une boule noire. En anglais, noir se dit black. Or, lorsqu’un candidat est repoussé, on dit qu’il a été blackboulé ! Quel mot sauvage ! » (G. Claudin.)

BLAGUE : Autrefois ce mot si répandu signifiait hâblerie. Aujourd’hui il a quatre sens : 1° causerie, 2° faconde, 3° raillerie, 4° mensonge.

Son étymologie a donné matière à bien des conjectures. On ne peut admettre celle de M. Albert Monnier, qui, dans un article du Figaro, fait dériver blaguer du braguer de Rabelais ; ni celles de MM. A. Luchet et Fr. Michel, qui voient dans blague une acception figurée de la vessie employée par les fumeurs sous le même nom.

Il est à remarquer que le mot blaque (valaque) désigne, dans le Dictionnaire de Ménage, les hommes de mauvaise foi (comme Grec : escroc). — M. Littré, qui relègue blague et blaguer parmi les termes du plus bas langage, donne une étymologie gaélique beaucoup plus ancienne (Blagh : souffler, se vanter.) Malheureusement, nous manquons jusqu’ici des exemples intermédiaires qui prouveraient la transmission d’une origine si reculée. Voici la série des exemples certains les plus anciens que nous ayons pu recueillir :

Le Dictionnaire de Dhautel (1808), admet les mots blaguer et blagueur avec le triple sens de railler, mentir, tenir des discours dénués de sens commun. — Cet exemple, des plus anciens que nous ayons trouvés, ne prend blague qu’en mauvaise part.

L’année suivante, Cadet Gassicourt confirme ainsi la définition de Dhautel, dans le récit de la campagne de 1809 (Voyage en Autriche) : — « Les militaires ont, dit-il, inventé un mot pour exprimer un conte puérile ou ridicule, un mensonge, une gasconnade. Cela s’appelle blague, d’où l’on a fait dériver blaguer, blagueur, blagomane. »

Comme Cadet Gassicourt, Beyle (Stendhal) dit dans sa Rome en 1817 (Paris 1827) en parlant du temps de l’Empire, où il avait servi dans l’administration militaire : — « Cette vanterie égoïste que nous appelions blague parmi les officiers subalternes des régiments, y est absolument inconnue. »

Un peu après, nous trouvons blague avec le même sens en Belgique et en Champagne. — L’auteur d’un vocabulaire langrois de 1823, mentionne blague comme appartenant au langage local. Enfin, on trouve black (hâblerie), dans le dictionnaire wallon de Remacle. (Liège, 1820.)

De ces divers exemples, et en attendant mieux, on peut conclure avec certitude que blague était fort usité dans l’armée au commencement du siècle, avec le seul sens de hâblerie. Nous allons voir cette signification se modifier complètement avec l’extension de son usage.

Voici des exemples pour les divers sens de blague :

BLAGUE : Causerie ordinaire