Page:Larchey - Dictionnaire historique d’argot - 9e édition.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mie consacrée d’un bénisseur. Le langage onctueux complète l’illusion. » (L’Éclair, 1872.)

BENOÎTON, BENOÎTONNE. — Digne (par l’extravagance de sa toilette, de ses mœurs, de ses allures) d’être confondu avec les types mis en scène par M. Sardou dans sa Famille Benoîton. — « L’Église et le théâtre semblent se donner la main pour flétrir avec indignation les mœurs benoîtonnes. » (Dupeuty, 1866,) — « Madame ***, très-connue par les audaces benoîtonnes de son langage. » Yriarte, 1866.)

BENOÎTONNER : Porter une toilette ridicule, c’est-à-dire : à la Benoîton.

Et, le soir, les gandins sur vos pas s’étouffant,
Croiront tous, à vous voir ainsi Benoîtonnée,
Que dans la bicherie une autre biche est née.
Et tous, ceux du MOUTARD et ceux du MIRLITON,
Avec leur pince-nez et leurs cols de carton,
Et leurs gilets ouverts sur la blancheur du linge,
Crîront, en se pâmant ; « Quel adorable singe ! »
(Vie parisienne, 1866.)

BENOÎTONNERIE : Genre Benoîton, V. ce mot.

BÉOTIEN : Bête, inintelligent. — Dans l’ancienne Grèce, les Béotiens passaient pour illettrés. — « L’entretien suivant, éminemment béotien, s’il nous est permis d’emprunter cette expression au très-spirituel écrivain qui l’a popularisée, Louis Desnoyers, auteur des Béotiens de Paris. » (E. Sue.) V. Philistin.

BEQUILLARD, BÉQUILLEUR. — Bourreau. (Colombey.) Il vous pendait à la béquille (potence).

BÉQUILLE : Potence. (Vidocq.) La potence ressemble à une béquille monumentale.

BÉQUILLER : Pendre, accrocher à la béquille. V. Farre.

BÉQUILLER, BECQUETER. Manger. Mot à mot : travailler du bec. — « C’est égal, je lui ai envoyé un coup de tampon sur le mufle qu’il ne pourra ni béquiller, ni licher de quinze jours. » (T. Gautier). — « On béquille, on s’amuse, on s’ donne du bon temps, on oublie sa misère. » (H. Monnier.)

BÉQUILLEUR : Mangeur.

BERGÈRE : Dernière carte d’un jeu battu. (La bergère marche derrière son troupeau.) — « Le Grec en regardant la bergère a vu qu’elle ne pouvait lui servir. » (Cavaillé.)

BERIBONO : Nigaud. (Vid.)

BERLUE : Couverture. (Idem.)

BERNIQUER : S’en aller pour ne plus revenir. Mot à mot : agir comme si on disait bernique. Ce dernier mot se trouve dans le Dictionnaire de l’Académie.

BERRY : Capote d’études à l’École polytechnique. — « Toujours plus ou moins culottée, veuve d’un certain nombre de boutons. » (La Bédollière.)

BERTRAND : Fripon dupé par son complice. — Le drame populaire de l’Auberge des Adrets a mis ce terme à la mode. — « Il s’était posé à mon endroit en Ro-