Page:Larchey - Dictionnaire historique d’argot - 9e édition.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vieux mot encore usité dans nos campagnes de l’Est.

BADERNE (vieille) : Personne qui n’est plus bonne à rien. — Ce terme nous vient de la marine où baderne se dit d’une sorte de paillasson fait de vieux cordages.

BADIGEONNER (se) : Se farder excessivement la figure. Mot à mot : se badigeonner comme un mur.

BADINGUïSTE, BADINGOUIN : Bonapartiste. — « Le reporter d’une feuille non moins badingouine qu’hystérique. » (Tam-Tam, 75.) — Du sobriquet de Badinguet, (Badingue par abrév.) donné à Napoléon III dès le début de l’Empire. Badinguet était, paraît-il, le maçon sous la blouse duquel le prince avait fui sa prison de Ham. Quoi qu’il en soit, ce sobriquet devint fort populaire. Si on s’en servait par ironie dans l’opposition, on l’employait sans malice dans le peuple et dans l’armée. En 1870, lors de la démonstration qu’on fit sur Sarrebruck, je demandais à un soldat resté en gare de Saint-Avold si l’empereur était à Forbach : « Oui, dit-il tout naturellement, Badinguet est arrivé. » — V. Capitulard.

BADOUILLARD : « Pour être badouillard, il fallait passer trois ou quatre nuits au bal, déjeuner toute la journée et courir en costume de masque dans tous les cafés du quartier Latin jusqu’à minuit. » (Privat d’Anglemont.) — Le badouillard fut de mode de 1840 à 1850.

BADOUILLE : Mari qui se laisse mener par sa femme. (J. Choux.)

BADOUILLER : Faire le badouillard.

BADOUILLERIE : Art de badouiller. — « La badouillerie est la mort des sociétés de tempérance. » (44, Catéchisme poissard.)

BAFRE (mettre une) : Donner un soufflet. (Rabasse.)

BAGATELLES DE LA PORTE : Parade destinée à faire entrer le public dans une baraque de saltimbanque. — Désigne aussi : toute chose accessoire donnée comme insignifiante à côté de celle qui doit suivre. — « S’amuser aux bagatelles de la porte ; c’est regarder les parades d’un polichinelle. » (Caillot, 29.) V. Postiche.

BAGOU, BAGOULT : Verve, faconde, volubilité extrême. — Du vieux mot bagouler, parler. L’ancien catalan a bagol : babil, bavardage. En Provençal, on dit bagoul.

Nos différents auteurs ne s’accordent guère sur la signification précise de ce mot. 1° Nodier trouve dans le bagou une « langue factice dont le secret consiste à former des phrases composées de mots étonnés d’être ensemble et qui ne présentent aucune espèce de sens. » — 2° Il est défini ainsi par Balzac : « Ce mot (bagou), qui désignait autrefois l’esprit de repartie stéréotypée, a été détrôné par le mot blague. » — 3° M. Francisque Michel se contente de dire : « Bagou ; bavardage, jactance. » — 4° Auguste Luchet paraît être