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lieu de les trois mots. — Je ne cite pas d’exemple justificatif de mannstrinque, mais j’ai souvent entendu jadis prononcer ce mot, et comme notre langue tend toujours à se débarrasser des accumulations de consonnes, je crois que mannezingue ; puis minzingue, sont des formes postérieures. Je persiste donc dans ma conjecture étymologique, bien qu’il en ait été donné deux autres différentes.

MANGEOIRE : Restaurant (Delvau.) — Animalisme.

MANGER À TOUS LES RÂTELIERS : Accepter de tous côtés. (Rigaud.) — Se prend au figuré pour être subventionné par des partis contraires, recevoir des deux mains.

MANGER DU LAPIN : Aller à l’enterrement. (Boutmy.) — Même genre d’allusion que dans manger du fromage. V. p. 230.

MANGER DU LARD : Dénoncer. (Rigaud.) Variante de manger le morceau, p. 230.

MANGER DU SUCRE : Être applaudi. V. Sucre, p. 336.

MANGER LA BOUILLIE AVEC UN SABRE : Avoir une grande bouche (Rigaud.) — Mot à mot : avoir une bouche aussi large que le sabre est long.

MANGER LE BON DIEU : Communier. — Allusion au symbole de l’hostie. Ne se dit pas toujours en mauvaise part. — « Et c’est du propre d’aller manger le bon Dieu en guignant les hommes. » (Zola.)

MANGER LE GIBIER : Ne pas faire payer un client, cacher ses profits au souteneur. Argot de prostitution. (Delvau.) — Terme de chasse. Le chien qui mange le gibier ne rapporte pas.

MANGER LE MOT D’ORDRE, MANGER LA CONSIGNE (avoir) : Oublier le mot d’ordre, la consigne. Mot à mot : ne plus les avoir dans la bouche, ne plus pouvoir les répéter. (D. Lacroix.)

MANGER LE NEZ (se) : Se battre avec acharnement. (Delvau.)

MANGER LE PAIN HARDI : Être domestique. (Id.)

MANGER LE POULET : Partager en déjeunant un bénéfice illicite. Argot des entrepreneurs et architectes. (Michel.)

MANGER LES SENS (se) : S’impatienter. (Id.) — M. Rigaud écrit sangs, ce qui vaut mieux pour faire comprendre le mot. L’impatience fait affluer le sang à la tête qui en mange alors, au figuré.

MANGER L’HERBE PAR LA RACINE : Être enterré : — L’image n’a pas besoin d’explication. — « Bien d’autres encore étaient en train de manger l’herbe par la racine. » (Hennique.)

* MANGER SUR L’ORGUE : La musique n’y est pour rien. L’orgue est ici pour lorgue, qui veut dire en argot lui et le dictionnaire de Vidocq, en mettant une apostrophe mal à propos, a