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ABSORPTION : Repas offert à la promotion ancienne de l’École polytechnique par la promotion nouvelle. On y absorbe assez de choses pour justifier le nom de la solennité. — « L’absorption, c’est la réunion annuelle dans laquelle, anciens, conscrits et antiques fraternisent aux lueurs du punch et aux glouglous du vin de Champagne. Elle a eu lieu le jour de la rentrée des anciens. » (G. Maillard, 66.)

ACADÉMICIEN : Littérateur suranné. — Injure inventée par les romantiques échevelés de 1830 qui avaient pour principaux adversaires les membres de l’Académie française restés fidèles au genre classique. On ne se doute plus aujourd’hui de la fureur grotesque qui animait les deux partis. V. Mâchoire.

Et cet exemple, des plus curieux, donnera une idée des luttes dans lesquelles on se jetait à la tête le mot d’académicien. Nous le prenons dans une brochure d’Alexandre Duval, académicien et chef du parti qui rendait M. Victor Hugo responsable des passions romantiques.

« Ce que je rapporte ici, je l’ai vu, de mes propres yeux vu. À certaines représentations, on se trouvait environné d’hommes effrayants dont le regard scrutateur épiait votre opinion, et si, par malheur, votre figure indiquait l’ennui ou le dégoût, ils vous attaquaient par l’épithète d’épicier, mot injurieux selon eux, qui signifie, dans leur argot, stupide, outrageusement bête ; mais si vos cheveux étaient blanchis par le temps, alors vous étiez des académiciens, des perruques, des fossiles, contre lesquels on vociférait des cris de fureur et de mort. Je vous assure, monsieur, qu’il n’y a rien d’exagéré dans ce tableau d’une première représentation romantique. Tout Paris vous en attestera la vérité. » (De la littérature dramatique, lettre à M. Victor Hugo, par Alexandre Duval, Paris, 35.)

ACCENT : Crachat, signal convenu entre les voleurs (Vidocq). V. Arçon.

ACCORDÉON : Chapeau gibus. Il se replie et s’allonge comme l’instrument de ce nom.

ACCROCHE-CŒURS : Favoris (Vidocq). Se dit des favoris courts qui affectent la forme des accroche-cœurs féminins. V. Arçon.

ACCROCHE-CŒURS : Mèches de cheveux bouclées et collées sur la tempe. Cet ornement a des prétentions galantes. Le mot le fait assez sentir.

Sur mes nombreux admirateurs
Dirigeons nos accroche-cœurs.
(Festeau.)

ACCROCHER : Mettre au mont-de-piété. — Mot à mot : accrocher au clou. V. ce mot. — « Ah ! les bibelots sont accrochés. » (Montépin)

ACCROCHER : Consigner un soldat. — Mot à mot : l’accrocher à son quartier, l’empêcher d’en sortir.

ACCROCHER (s’) : Combattre corps à corps, en venir aux mains.

Nos braves, s’accrochant, se prennent aux cheveux.
(Boileau, Satire 3.)