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ne pouvaient se justifier par des exemples. Pour ne m’en point passer plus longtemps, j’ai pris le parti de les placer sous la garantie des auteurs qui les ont publiées.
    Les 2784 mots se décomposent ainsi ; 1° Mots nouveaux, additions et rectifications, 926. — Mots placés sous la garantie de M. Fr. Michel, E. Colombey, Al. Pierre[1], Halbert, Vidocq, Delvau, etc., 990. — 3° Mots placés sous la garantie de M. Lucien Rigaud, 868[2]. — Cette méthode nous a paru bonne en ce qu’elle offre une date de constatation, sans enlever à chaque auteur le mérite et la responsabilité de ses petites découvertes.
    Tout dictionnaire redonnant d’ordinaire comme siens les mots déjà donnés par les dictionnaires précédents, attribuer à chacun la part qui lui revenait en propre, n’a pas été une tâche sans longueurs ni sans difficultés. J’ai, de plus, constaté les variations et l’origine de chaque mot lorsque cela m’a été possible.
    En livrant au lecteur tout le détail de ce triage, j’obéis au scrupule de conscience qui doit, selon moi, servir de règle pour la préparation d’un glossaire ; il ne suffit pas d’annoncer des inconnus, il faut les légitimer en quelque sorte, c’est-à-dire prouver leur existence autrement que par une simple affirmation. Précaution essentielle sur le terrain de l’argot où le contrôle est difficile, où rien ne paraît assez bizarre, ni assez étrange, à des lecteurs souvent trop crédules. L’auteur en vient alors à placer en première ligne la question de chiffres, et c’est à qui donnera beaucoup[3], le répertoire conte-

  1. Argot et Jargon, par Alexandre Pierre, directeur de l’administration des recherches et renseignements. Seule édition de l’argot des filous qui n’est intelligible qu’entre eux. — Imp. Bonaventure et Ducessois, 1850 à 1860 ? Placard in-folio.
  2. Lucien Rigaud. Dictionnaire du jargon Parisien, Paris, Ollendorff, 1878, in-12, de 347 pages à 2 col., 5 francs. Ce livre très substantiel, dont le titre et le plan serrent d’aussi près que possible notre 6e édition (Dictionnaire de l’Argot parisien), contient bon nombre de mots qu’on chercherait vainement ailleurs.
  3. C’est cette misérable question d’effectif qui a fait donner comme argotiques par d’autres livres, les mots suivants que je livre à l’étonnement du lecteur : « Mandrin, mangeaille, manger sur le pouce, manigance, manivelle, maquerelage, maquerelle, maquignonnage, maquignonnes, marmaille, margouillis, marmiteux, marmonner, marmot, marmotte, matois, mauvais coucheur, mazette, meublant, mijoter, minois, minable, mitonner, mitron, monter sur ses ergots, monter sur ses grands chevaux, gouge, gouine, gourd, gourgandine, gandin, gourme (jeter sa), gousset (sentir du), graisser la patte, greluchon, grève, gribouiller, grigou, gringalet, avoir en grippe, grivois, grogner, grugeur, gruger, gueuserie, guigner, guignon, guindé. » — Je n’ai pris que dans deux lettres. On peut par là juger du reste. Ce qui n’empêchait pas le lexicographe susdit d’affriander le lecteur par cette pompeuse annonce : « J’ai cueilli sur leur tige et ramassé sur leur fumier natal tous les mots de mon dictionnaire. »