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Un peu plus loin, nous trouvons dans gaga un nouveau synonyme de gâteux. C’est un redoublement de première syllabe bon à retenir pour les arriérés, qui ne connaissent sous ce nom que les habitants de Saint-Étienne. (Voyez Gagat, page 186 du Dictionnaire.) Que deviendraient-ils en lisant ce passage : « Il vaut mieux qu’elle meure au combat que de finir dans un fauteuil de gaga. »
  À la page 286 du même roman, nous rencontrons pavé, avec le sens que voici : « Les fâcheux et les créanciers, ce qu’en argot parisien on appelle les pavés, c’est-à-dire des personnes ou des choses qui gênent la circulation. » Vers 1840, les débiteurs forcés d’éviter une rue, disaient : « On pave, c’est-à-dire : « Il y a des créanciers ici, il n’y faut point passer. » C’était une double allusion aux embarras de la circulation et aux prétextes allégués pour éviter toute fâcheuse rencontre.
  On possédait déjà cinq sens néologiques pour clou (mont-de-piété, prison, baïonnette, mauvais ouvrier, outil de graveur). Le critique musical de l’Événement (31 octobre 1879) en donne un sixième dans ce compte rendu d’opérette : « C’est le clou de la partition, comme on dit aujourd’hui. C’en est le bijou, aurait-on écrit autrefois. » — Clou désigne ici une partie remarquable, digne de fixer l’attention. Fixer aura paru faible, car en France on roule toujours sur la pente des superlatifs, et on aura dit clouer, ce qui est fixer forcément et pour longtemps.

Mais ce qui me tient le plus au cœur, c’est l’erreur à reconnaître et à réparer. Ainsi, je ne me pardonnerais point, si j’oubliais de dire que la lettre de forçats, citée dans notre dernière Introduction (page 11), a paru pour la première fois dans l’Intérieur des Bagnes, par Sers (Paris, Dépée, 1845, in-8, p. 35) ; la date en est donc bien plus ancienne que le manuscrit de M. Rabasse ne me l’avait fait penser.
  Autre remords de conscience. Manger sur l’orgue (dénoncer), que j’ai traduit mot à mot (p. 78) par manger sur lui, doit être traduit manger sur l’homme, puisque nous consta-