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INTRODUCTION


I. Universalité du domaine de l’argot. — II. L’argot considéré dans ses sept éléments de formation (1. Vieux mots. — 2. Substitutions. — 3. Modifications. — 4. L’argot actuel. — 5. Harmonies imitatives. — 6. Jeux de mots. — 7. Souvenirs. — 8. Importations.) — III. Richesses de l’argot. — IV. Ses rapports avec les mœurs. — V. Notre méthode. — VI. Comment le besoin de ce Dictionnaire s’est fait sentir de plus en plus. — VII. Ce qu’on pensait de l’argot avant nous.


I. — Universalité du domaine de l’argot.


L’argot passe généralement pour être un dialecte spécial aux malfaiteurs. Sans être illogique, nous avons cru pouvoir étendre son domaine en comprenant dans ce vocabulaire toutes les excentricités de langage qui se produisent chaque jour dans les autres classes de la société. À le bien considérer, d’ailleurs, le mot d’argot justifie toutes les extensions. Sans le faire venir du grec argos, comme on l’a prétendu avant nous, nous y verrions logiquement un diminutif du vieux mot argu qui signifiait injure, reproche, et aussi ruse, finesse, subtilité. — Dès le XIVe siècle, hargoter voulait dire railler, dire des sottises. On le voit par le glossaire de Du Cange auquel il faut toujours recourir en matière d’étymologie.

De même bigorne, synonyme d’argot, qu’un autre étymologiste a confondu avec l’enclume dite bigorne, n’est qu’un substantif tiré de l’ancien verbe biguer : changer, troquer. Parler bigorne ou argot signifie donc : parler un langage