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SUBTIL : Dur. (Halbert.)

SUÇON : « Faire une consommation fanatique de sucres d’orge dits suçons. » (Rolland.) — On les suce très-longtemps.

SUCRE (casser du) : Dénoncer. V. Casser.

SUCRE (c’est du) : C’est bon. — Se prend au figuré.

SUCRE (faire manger du) : Soigner l’entrée d’un acteur, l’applaudir. Cette comparaison canine a pour pendant : appeler Azor.

SUER (faire) : Tuer. Mot à mot : faire suer du sang. V. Chêne.

SUER (faire) : Accabler d’ennui quelqu’un. — « Vous me dites, mignonne, avec l’accent de l’âme : Tais-toi donc ! tu me fais suer. » (Almanach du Hanneton, 67.)

SUER (faire) : Se faire donner sa part d’un vol. (Halbert.) Faire donner de l’argent. (Rabasse.)

SUI : Suivi. — Abréviation. — « Eh ben ! est-y mort ? — Y’en sais rien, j’étais sui, j’ai pas évu le temps d’y demander. » (H. Monnier.)

SUIF : Réprimande. — « On dit donner un suif. »

SUIFFARD, SUIFÉ : Élégant. V. Astiquer. — « Était-il assez suiffard, l’animal !… Du linge blanc et des escarpins un peu chouette. » (Zola.)

SUISSE (faire) : « Le soldat a le point d’honneur de ne jamais manger ou boire seul. Cette loi est tellement sacrée que celui qui passerait pour la violer serait rejeté de la société militaire, et on dirait de lui : Il boit avec son suisse, et le mot est une proscription. » (Vidal, 33.) — « Un soldat français ne doit pas faire suisse, ne boit jamais seul. » (La Bédollière.)

Le premier exemple donne la clef du mot. Le soldat ne peut boire avec son suisse (concierge), puisqu’il n’en a pas, donc il boit seul. Ironie inventée pour rappeler quelque engagé d’opulente famille aux règles de la fraternité.

SUISSESSE : Mélange d’absinthe et d’orgeat. Il est plus doux, plus féminin, que l’absinthe dite suisse.

SUIVEUR : « Le suiveur est très-drôle à observer ou à suivre. Une femme passe devant lui, le suiveur accélère son pas, dépasse sa victime, et se retourne bientôt pour juger de la beauté de l’objet de sa poursuite. » (Roqueplan.)

SUIVEZ-MOI, JEUNE HOMME : « Ce sont ces deux grands rubans flottants au-dessous des cols de manteaux des dames… Une grande couturière de Paris les a appelés ainsi. » (Lespès, 66.)

SUPERLIFICO, SUFERCOQUENTIEL, SUPERCOQUENTIEUX : Merveilleux. Abréviation du mot supercoquelicantieux employé par Rabelais dans le livre III. — « Lorsqu’un épicier étale devant sa boutique un superlicoquentieux morceau de fromage, n’est-ce pas tenter le peuple ? » (Ch. Fourier, 36.)