Joachim Dufiot, — un grand fabricant de ce genre, — à propos de laver (vendre), met en scène le vaudevilliste Théaulon et sa blanchisseuse qui n’ont évidemment rien à y voir, car une citation du dictionnaire de Dhautel, qui date de 1808, prouve que l’expression, déjà populaire alors, était antérieure à Théaulon.
Pour expliquer l’expression avoir son jeune homme (être gris), le même auteur a imaginé je ne sais quelle histoire de Lepeintre jeune se grisant à des repas offerts par un jeune homme ami des artistes. Malheureusement avoir son jeune homme s’explique beaucoup plus naturellement quand on sait qu’un jeune homme est une mesure de capacité contenant quatre litres.
Et ainsi de beaucoup d’autres que nous aurions citées, si c’était ici une œuvre de critique.
L’argot des classes dangereuses est, comme dans notre dernière édition, confondu avec celui de toutes les autres. Il a fait, de notre temps, le sujet de plusieurs dictionnaires spéciaux. Si nous en avons relevé tous les mots, le lecteur doit être néanmoins tenu en garde contre leur actualité. Dans le but de gonfler son livre, l’homme de lettres chargé par Vidocq de la préparation de son vocabulaire y a glissé tout le vieux jargon de la Cour des Miracles, dont une bonne moitié n’était plus en usage. Tous les glossateurs qui ont suivi n’ont pas voulu donner moins que Vidocq, dans la crainte de paraître
incomplets. Si j’ai cédé moi-même à cette appréhension, — qui permet d’ailleurs plus d’un rapprochement utile, — c’est parce que l’argot, tout en se modifiant constamment, souvent aussi
ne fait que revenir au passé, il rajeunit plus qu’il n’invente : « L’argot va se décomposant et se recomposant sans cesse, dit M. Moreau Christophe… Cependant de temps en temps et à cause de ce mouvement même, l’ancien argot reparaît et redevient nouveau. » Aussi est-il bon de maintenir tout en lumière sur un terrain aussi mouvant et, disons-le, impossible à bien reconnaître, car il n’y a pas d’argot qui ait