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POILS (Monter à) : Monter un cheval sans selle. Mot à mot : n’ayant que ses poils pour couverture. — « Je sautai à bas de mon cheval. Il me regarda, disant étonné : Comment ! à poil !… » (Souvenirs de Krettly, 09.)

POIL (Tirer le), Tomber sur le poil : Battre. Mot à mot : prendre aux poils, c’est-à-dire aux cheveux.

POINT : Monnaie. V. Croix.

POINT DE COTÉ : Créancier, chanteur exploitant les hommes qui ont certains vices. — Allusion à la gêne causée par le mal de ce nom.

POINTE (Avoir sa) : Avoir un commencement, une pointe d’ivresse.

POIRE (Faire sa) : Jouer le dédain. — Allusion à la moue qui allonge les lèvres en gonflant les joues. — « Je pourrais m’en targuer et faire ma poire. » (L. Poilet.)

POIREAUX (Il est comme les) : Il est vert et vigoureux malgré ses cheveux blancs. — Allusion à la racine chevelue et blanche du poireau. — L’expression n’est pas d’hier. — « Tu me reproches mon poil grisonnant et ne consydère point comment il est de la nature des pourreaux esquels nous voyons la teste blanche et la queue verte, droicte et vigoureuse. » (Rabelais, l. III, ch. xviii, Pantagruel.)

POISON : « Sobriquet outrageant que l’on donne aux courtisanes les plus viles. » (Dhautel, 08.) — « Ô poison ! disait mademoiselle P… — Égout des cœurs ! répliquait mademoiselle T… » (J. Janin.) V. Drogue.

POISSE : Voleur. (Halbert.) — De poisser.

POISSER : Voler. — Allusion aux propriétés de la poix qui retient tout ce qu’elle touche. V. Batte, Billon, Philippe.

POISSER : Arrêter. (Rabasse.) — « Au bout d’un an, poissé avec une pesée de gigot que j’allais fourguer. » (Beauvillier.)

POISSER : Enivrer. Mot à mot : s’imbiber à en devenir poisseux, gluant. — « Quand j’ai vu qu’il allait se poisser, je l’ai aidé à vider les bouteilles ; c’était pour le sauver. » (La Correctionnelle.)

POISSEUR : Filou. (Rabasse.)

POISSON : Souteneur. — Abréviation de poisson d’avril, comme le prouve cet exemple : « On appelle poisson d’avril un poisson qu’on nomme autrement maquereau, et, parce qu’on appelle du même nom les entremetteurs des amours illicites, cela est cause qu’on nomme aussi ces gens-là poissons d’avril. » (Dict. de Trévoux, 1771, art. Avril.) — « Jeune, beau, fort, le poisson ou barbillon est à la fois le défenseur et le valet des filles d’amour qui font le trottoir. » (Canler.)

POISSON : Verre. — Du vieux mot poçon, tasse. — « J’ n’ suis pas trop pompette, viens, je régale d’un poisson » (Les Amours de Jeannette, ch. 43.) V. Camphre, Soiffer.