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un mort avec le duc de Grandlieu » (Balzac.)

MORUE : Femme abjecte. — « Vous voyez, Françoise, ce panier de Fraises qu’on vous fait 3 francs ; j’en offre 1 franc, moi, et la marchande m’appelle… — Oui, madame, elle vous appelle… morue ! » (Gavarni.)

MOTS (avoir des) : Échanger des reproches. — « En rentrant du bal avec ton amant, vous avez eu des mots, et il t’a flanquée à la porte. » (Montépin.)

MOTTE : Maison centrale. — « On vient de tirer mon portrait et on va l’envoyer dans toutes les mottes et dans tous les loirs. » (Lettre de Minder. Introd.)

MOUCHAILLER : Regarder. (Grandval.)

MOUCHARDE : Lune. Elle moucharde les voleurs. V. Cafarde. — « Mais bientôt la patraque, au clair de la moucharde, nous reluque de loin. » (Vidocq.)

MOUCHE : Mauvais, vilain. Abréviation de mouchique. — « Mouche, pour ceux qui ne comprendraient pas le langage parisien, signifie mauvais. » (Troubat.) « — Avez-vous été hier soir aux Variétés ? — Toc. — Et Ambroise ? — Mouche. » (Lemercier de Neuville.)

MOUCHE : Bouquet de barbe placé sous la lèvre inférieure. Allusion à sa petitesse. — « Le ministre de la guerre vient de trancher la question du port de la mouche. » (Du Casse.)

MOUCHE (faire) : Tirer assez juste pour aplatir la balle sur un point noir (mouche), au centre de la cible. — « Elles font mouche à tout coup et tuent les hirondelles au vol. » (A. Second.)

MOUCHES (tuer les) : Infecter. Mot à mot : avoir une haleine assez infecte pour empoisonner les mouches au vol. — On dit aussi tuer les mouches à quinze pas.

Tiens, Paul s’est lâché du col ;
Est-y fier depuis qu’il promène
Clara, dont la douce haleine
Fait tomber les mouches au vol.
(Colmance.)

MOUCHER : Remettre les gens à leur place, éteindre leur insolence. — « Nous allons donc les moucher ces lanternes (journaux) qui peuvent faire croire à l’abrutissement général de la nation. » (La Mouchette, 68.)

MOUCHER : Frapper, battre. — « Allons, mouche-lui le quinquet, ça l’esbrouffera. » (Th. Gautier.)

MOUCHER : Tuer. Mot à mot : éteindre la flamme de la vie. — « Aussi ne se passait-il guères d’heures sans qu’il n’y eût quelqu’un de mouché. » (Mém. de Sully, xvie siècle.) — « Je l’enfile par un coup droit. Encore un de mouché. » (Randon.)

MOUCHER : Non, c’est que je me mouche, non, c’est que je tousse : Négation ironique équivalant à une affirmation pour n’importe quel sujet.

MOUCHER (se) : « Les garçons de jeu se mouchent fréquemment au tapis vert, ce qui