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à la tripotée, à la pile, au travail du casaquin ! vous êtes à sa merci. Il vous pétrira de coups.

Encore une seconde, et vous voilà en compote ou démoli. — Tant pis si vos os ne sont pas numérotés. Il n’y aura plus moyen de les mettre en place.

Notez que, contre tous ces termes, le langage du monde n’en a pas un seul qui exprime la même idée en un seul mot.


Et ce n’est point là seulement que nous retrouvons une variété significative de synonymes.

Prenons boule, ou balle, ou coloquinte, ou calebasse ! c’est la tête plus ou moins ronde.

Avec binette, trombine, faciès, frime, frimousse, il y a quelque chose de nouveau : nous voyons se dessiner la physionomie.

La sorbonne et la boussole désignent le cerveau qui conçoit, raisonne et dirige.

Le caisson a été fait tout exprès pour représenter le crâne éclatant à l’heure du suicide.

La tronche montre la tête tombant sous le couteau de la guillotine.

De la tête passons à la jambe : grosse, c’est un poteau ; ordinaire, c’est une quille ; mince, c’est une flûte, un cotteret, un fumeron, un fuseau, un échalas ; plus mince, c’est une pincette, une jambe de coq ; plus mince encore, c’est un fil de fer ; tremblante, c’est un flageolet. Les jambes du danseur sont des gigues ou des gambilles ; celles du marcheur forment un compas, une équerre.


Cette précision se retrouve jusque dans les diverses manières de dépenser son argent. Le prodigue douille, la dupe casque, l’homme qui veut imposer la confiance éclaire, l’économe s’allonge, l’avare se fend jusqu’à s’écorcher.

La mort elle-même semble vouloir prêter un verbe à chaque état. Le pilier de café dévisse son billard, le cavalier graisse ses bottes, le bavard avale sa langue, le chiqueur pose sa chique, le fumeur casse sa pipe, l’apoplectique claque, le troupier reçoit son décompte, descend la garde, passe l’arme à