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forzando, in petto, in fiocchi, a giorno, intermezzo, bravo, bravi, brava ! etc., etc.

Mais que les langues vivantes ne nous fassent pas négliger les langues mortes ! L’argot a aussi sa classe de latin. Et ce n’est pas dommage (c’est justice), comme on dit à Belleville et autres lieux où le quibus jouit de la considération qu’il mérite. Aussi avons-nous recueilli avec respect les latinismes ayant cours.


III. — Les richesses de l’argot.


Nous venons de voir comment l’argot est un langage composé moins de mots nouveaux que d’interprétations nouvelles.

Si la matière n’est pas neuve, reconnaissons qu’elle rachète ce défaut par une singulière richesse. L’abondance, la variété et, disons-le bien, la précision de beaucoup de termes ne sauraient s’imaginer.

S’agit-il, par exemple, de suivre tous les degrés de la soulographie, remarquez la progression parfaite indiquée par les quarante-six termes qui suivent, dont nous avons justifié l’existence par de nombreux exemples. Sans rentrer l’un dans l’autre, ils ont leur signification propre. — Chacun indique, dans l’état, une nuance.

Au début, nous rencontrons les neuf verbes : être bien, avoir sa pointe, avoir un grain, être monté, en train, poussé, parti, lancé, en patrouille.

Un peu plus loin, nous voyons l’homme légèrement ému ; — il sera tout à l’heure attendri, il verra en dedans, et se tiendra des conversations mystérieuses. Cet autre est éméché ; il aura certainement demain mal aux cheveux.

Pour dépeindre les tons empourprés par lesquels va passer cette trogne de Silène, vous n’avez que la liberté du choix entre : teinté, allumé, pavois, poivre, pompette, ayant son coup de soleil, ayant son coup de sirop, son coup de bouteille, son plumet, sa cocarde, se piquant ou se rougissant le nez.

De la figure passons à la marche. — L’homme ivre a quatre genres de port qui sont également bien saisis. Ou il est raide