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Le 1er avril, le matin, je rencontre des garçons des halles que j’avais vu à Sainte-Pélagie, Godard et Dartagnan ; le dernier me dit donc : « J’aurais besoin d’outil, j’ai une condition à faire. » Je lui dis : Je n’en ai pas, seulement j’ai un monseigneur que je pourrai te prêter ; bref, je lui dis : « Je te l’apporterai à trois heures, au café de la Boucherie ; en même temps j’irai chez mon fourgue lui porter ce que j’ai à la maison. » Donc, à trois heures, je lui porte ce monseigneur, et en même temps j’avais les affaires en question, la bague, la tabatière, les boucles d’oreilles, la montre et l’épingle ; nous buvons ensemble deux ou quatre absinthes, et il m’ennuit tant que je finis par aller avec lui voir cette fameuse condition rue Vivienne.

Nous montons, et moi je frappe à la porte ; personne. Je sonne et personne ne répond. J’allume, et mon Dartagnan file le luctrème dans la porte ; au même moment, la porte s’ouvre, et une femme paraît et elle gueule à la chienlit. Je descends quatre à quatre les escaliers, et lui aussi ; il sort dans la cour, et moi je le suis ; mais le concierge l’arrête. Moi je file une poussée au concierge et il se faufile, et moi je cours après en criant : Arrêtez-le ! Bref il est arrêté et moi aussi ; je vais à niord, mais mon imbécile avait gardé son outil et moi j’étais embêté pour mes bijoux que j’avais sur moi, etc.

Tu va peut-être me traité de loufoque d’aller au turbin avec des objets pareille.

Dartagnan avout tout, il prend tout sur lui et il dit : Je ne connais pas ce jeune homme, les témoins ne me connaisse pas, bref tout va bien.


Cette citation sera utilement complétée par la lettre d’un forçat transféré de Rochefort à Toulon, dont je trouve copie dans un manuscrit que M. Eugène Demarquay, alors chef adjoint de la police municipale de Paris, a bien voulu me communiquer en 1876. Ce manuscrit, œuvre de M. Rabasse, inspecteur de police, contenait un glossaire dont la comparaison m’a été utile.


De la traverse de Lontou (Toulon), — Mon cher camerluche, me voilà enfin démarré de ce maudit ponton d’amarrage, par la grâce du meke (de Dieu) ou du barbé (diable), et sans être aquigé, qui nous a trimballé igo après nous avoir secoué pendant quinze reluis au milieu des prés salés.

Tu m’as bonni avant de décarrer que je te raccorde par une lazagen du truc dont les artoupans de cette traverse nous ont pésignés. Je bonnirai qu’ils nous ont embroqués d’une chasse moustique attendu que le quart d’œil de Rochefort nous a