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de la chandelle, — quand on ne la mouche pas.

CHANDELLE : Fusil de munition. — Il est comme la chandelle, long, rond, et il en sort une flamme quand on y met le feu.

Être conduit en quatre chandelles. — Être conduit par quatre soldats.

CHANDELLE : Bouteille. « Nous allons chez le marchand de vin et je demande une chandelle à 12 sous. » (La Correctionnelle.)

CHANOINE, CHANOINESSE : Rentier, rentière. (Colombey.)Assimilation de la rente à la prébende du canonicat.

CHANTAGE : Extorsion d’argent sous menace de révélations scandaleuses. — « Le chantage, c’est la bourse ou l’honneur. » (Balzac.) — « Le chantage existe partout. Et celui que l’on punit n’est pas toujours le plus dangereux. Il y a le chantage en gants paille, qui s’exerce dans un salon, qui prend des airs de vertu, qui, du haut de son équipage, éclabousse le passant ; celui-là, on ne l’atteint pas ! Mais le tribunal est la terreur de ces exploiteurs de bas étage qui proposent aux gens craintifs et aux pusillanimes une terrible alternative : la bourse ou le déshonneur !

« Nous avons vu autrefois au Palais un vieux professeur, fort connu, savant éminent. Ce malheureux, depuis un demi-siècle, était exploité par une bande de misérables qui lui demandaient de l’argent sous peine de lui imputer un vice ignoble. Le professeur avait craint le scandale ; il avait payé. Ce qu’il y avait de singulier, c’est que les premiers exploiteurs étaient morts ou retirés avec leurs rentes, et avaient cédé à des successeurs leur part dans l’exploitation de M. X… À chaque trimestre, un coup de sonnette se faisait régulièrement entendre dans la maison habituellement si tranquille du savant ; ce coup de sonnette faisait tressaillir le pauvre homme : c’était la diffamation qui venait réclamer le prix de son silence. Et M. X… a payé comme cela environ 300,000 francs. Enfin la justice a mis la main sur ces corsaires de la vie privée. Les douze coquins qui vivaient sur la fortune de M. X… ne vivront dorénavant qu’aux frais de l’État. » (Figaro.)

CHANTER : Être victime d’un chantage. — « Tout homme est susceptible de chanter, ceci est dit en thèse générale. Tout homme a quelques défauts de cuirasse qu’il n’est pas soucieux de révéler. » (Lespès.)

CHANTER (faire) : Rendre quelqu’un victime d’un chantage. Mot à mot : faire chanter (résonner) ses écus. Chanter plus haut voulait dire jadis donner une plus forte somme. Le Dictionnaire de l’Académie le donne avec ce sens. — « Puisque l’argot court aujourd’hui les boudoirs, nous dirons que faire chanter signifie obtenir de l’argent de quelqu’un en lui faisant peur, en le menaçant de publier des choses qui pourraient nuire à sa considération, ou qu’il a pour d’autres raisons un grand intérêt à tenir ignorées. » (Roqueplan, 41.) — « Faire chanter, c’est faire payer une chose qu’on