Page:Larchey - Dictionnaire historique d’argot - 9e édition.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonheur gymnastique. Le danseur se balance la tête sur l’épaule ; ses pieds frétillent sur le terrain salpêtré : à l’avant deux, il déploie tous ses moyens : ce sont de petits pas serrés et marqués par le choc des talons de bottes, puis deux écarts terminés par une lançade de côté. Pendant ce temps, la tête penchée en avant se reporte d’une épaule à l’autre, à mesure que les bras s’élèvent en sens contraire de la jambe. Le sexe ne reste pas en arrière de toutes ces gentillesses ; les épaules arrondies et dessinées par un châle très-serré par le haut et traînant fort bas ; les mains rapprochées et tenant le devant de sa robe, il tricotte gracieusement sous les volans de sa jupe que soulèvent des petits coups de pied réitérés ; tourne fréquemment sur lui-même ; et exécute des reculades saccadées qui détachent sa cambrure. Toutes les figures sont modifiées par les professeurs du lieu, de manière à multiplier le nombre des : En avant quatre. À tous ces signes, il n’est pas possible de méconnaître que ce qu’on danse à la Chaumière. C’est le… cancan. » (Roqueplan.)

CANCANER : Danser le cancan. — « J’ai cancané que j’en ai pus de jambes. » (Gavarni.)

CANCRE. : Mauvais élève. — Allusion au cancre de mer qui recule au lieu d’avancer. V. Piocheur.

CANE : Mort. V. Canage. — C’est l’heure où l’on a peur, où on cane.

CANELLE : Caen. — C’est un diminutif avec transposition de la seconde voyelle.

CANER : Avoir peur, reculer, plonger, comme fait une cane. — Vieux mot. — « Par Dieu ! qui fera la cane de vous aultres, je me donne au diable si je ne le fais moyne’ » (Rabelais.) — « Laurent de Médicis… voyant mettre le feu à une pièce qui le regardait, bien luy servit de faire la cane, car aultrement le coup qui ne lui rasa que le dessus de la teste luy donnait dans l’estomach. » (Montaigne.) — « Oui, vous êtes vraiment français ; vous n’avez cané ni l’un ni l’autre. » (Marco de Saint-Hilaire.)

… Madame prend son criard,
Monsieur cane comme une victime,
(Festeau.)

CANER la pégrenne : Mourir de faim. (Colombey.)

CANER : Agoniser, mourir. (Vidocq.) — Les approches de la mort vous font peur, vous font caner. V. Rengracier.

CANER : Aller à la selle. (Moreau C.)

CANESON (mon vieux) : Terme d’amitié. Mot à mot : mon vieux cheval. V. Canasson.

CANEUR : Poltron.

CANICHE : Ballot carré. (Vidocq.) — Sa couverture de toile se prend par les coins qui forment des oreilles semblables à celles d’un petit chien.

CANIF dans le contrat (donner un coup de) : Commettre une infidélité conjugale. — « Et puis ces messieurs, comme ils se gênent pour donner des coups de canif dans le contrat ! La Gazette des Tribunaux est pleine de leurs noirceurs, aussi nous sommes trop bonnes. » (Festeau.) — « Elle avait tellement trépigné dans le coup de canif, que c’est à peine s’il restait quelque chose du contrat. » (Vie parisienne, 55.) — « La