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A LA PENSÉE FRANÇAISE



Nationale appela « Armand Barbès », le ballon qui devait conduire Gambetta hors de Paris. L’une des grandes voies de la capitale porte son nom. En septembre 1868, on lui éleva un monument à Carcassonne, son pays d’origine ; le Conseil général de la Guadeloupe, dans sa séance du 6 décembre 1882, vota, à l’unanimité 1.000 francs pour sa participation à la souscription faite pour l’érection de la statue. Le jour de l’inauguration, avec Madier-Montjau, Alexandre Isaac et Gaston Sarlat, sénateur et député de la Guadeloupe, firent l’éloge du grand citoyen qui, lui aussi, aurait pu signer ce vers :

J’accepte l’âpre exil, n’eût-il ni fin, ni terme !

La ville de la Pointe-à-Pitre a donné le nom de Barbès à l’une de ses rues ; le grand révolutionnaire, dans une lettre à George Sand, écrite à La Haye le 24 janvier 1867, rappelle qu’il est « né dans une de nos petites Frances d’outre-mer » et qu’il a vu « les Anglais célébrer en 1814 la prise de Paris dans mon île, tandis que ma mère sanglotait, et que mon père, marchant avec agitation, prononçait des paroles de colère… »

Dans le Bulletin de la Société de l’Histoire de la Révolution de 1848 de mars-avril 1904, on lit sous la signature de M. Georges Renard : "Armand Barbès va revivre dans un ouvrage que prépare un de ses petits-neveux, portant le même nom que lui".







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CONDAMNÉ A MORT



L’heure de mes promenades étant arrivée, je descendis dans la cour. Suivant son habitude, le directeur vint bientôt m’y rejoindre.

Le temps était chargé d’électricité, désagréable un peu pour les nerfs. C’est à cette circonstance que se rapporte la première parole qu’il prononça : « L’atmosphère est bien lourde, dit-il, il doit y avoir un orage quelque part, quoiqu’on ne voie pas de nuages sur l’horizon. » Cette assertion me fit un singulier plaisir.

Depuis que j’étais sur le préau, en effet, j’avais remarqué une sorte d’opacité dans l’air, le soleil me semblait pâle et terni, et comme je n’apercevais pas de nuages cependant et que, d’un autre côté, ce n’était pas la saison des brouillards, je m’interrogeai anxieusement