tu ne peux pas comprendre ça, toi qui n’a jamais rien aimé.
Ainsi tu es heureuse ?
Oui, j’suis heureuse.
Bertrand ne te laisse pas dans le besoin, dans la misère ?
La misère !… plus souvent !… Ah ! peut-on dire des choses comme ça !… Tiens, je vais te prouver que je ne suis pas si à plaindre que tu le prétends, je vais te prouver que Bertrand est plus rangé, plus travailleur qu’on ne dit… (Elle va à la commode, en ouvre le tiroir du haut, et lui montre de l’argent qui est caché dans la corne d’un mouchoir.) J’vas te montrer enfin qu’il ne me laisse pas sans pain comme t’as l’air de le croire… Regarde.
Trente francs !… Ah ! c’est différent.
Tu n’en as peut-être pas autant à ton service.
Je te croyais plus pauvre que ça… J’avais même pensé que l’ouvrage n’allant plus, tu ferais bien d’accepter une place que je t’avais trouvée, pour tenir la lingerie dans une bonne maison ; mais je me suis trompée… n’en parlons plus…
MARIE-JEANNE
Heureuse !… moi !… Oh ! je devrais l’être si le bonheur se payait avec des larmes, car j’ai bien pleuré depuis un an !… Elle me plaignait, Marguerite, elle me plaignait ! et si elle savait tout ce que j’ai souffert déjà, tout ce que j’ai encore à souffrir… si elle savait com-