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A LA PENSÉE FRANÇAISE


BERTRAND

Est-ce que tu peux en douter ?


MARIE

C’est que, vois-tu, il faut que j’en sois bien convaincue pour me rassurer tout à fait… Ton amour, Bertrand, c’est mon unique salut pour l’avenir… Quand je t’ai choisi pour mon mari, tout le monde m’a dit : « Vous avez tort, Marie-Jeanne ».


BERTRAND

Des méchants… des envieux…


MARIE

Non… c’étaient mes amis…, les tiens même… Ceux qui nous connaissent tous les deux… « Vous êtes une fille laborieuse et sage, qu’ils me disaient… Bertrand n’a jamais aimé que le plaisir… Le temps que vous passerez à l’ouvrage, il l’emploiera à s’amuser… L’argent que vous gagnerez à force de travail, il le dépensera pour boire… »


BERTRAND

Jamais ! jamais, Marie… j’ai été bambocheur, c’est vrai… mais à présent… à présent, c’est fini !


MARIE

Moi, je n’ai tenu compte de rien, je n’ai pas écouté leurs conseils… J’suis venue franchement à toi et je t’ai dit : « M. Bernard m’aimez-vous assez pour dire adieu a votre existence passée ? » Et tu m’as répondu : « oui ».


BERTRAND

Et je te le dis encore… ma bonne petite femme ! qui s’est fiée à moi, le plus mauvais sujet du chantier, où nous sommes cent-cinquante… Après un trait pareil, mais je serais un gueux, si je te refusais quelque chose !


MARIE

Alors, si je te demande le sacrifice d’un vilain défaut et d’une vilaine connaissance…