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À LA PENSÉE FRANÇAISE

les Etudes sur Ducis, livre curieux et intéressant au plus haut degré par tout ce qu’il fait voir et par tout ce qu’il laisse entrevoir ; portrait fidèle et soigneux d’une figure isolée, peinture involontaire de toute une époque. »

Il convient de dire que Campenon, dans une inoubliable circonstance, avait rendu hommage au talent naissant de Victor Hugo. Le poète à quinze ans (1817) avait, on le sait, obtenu un prix littéraire de l’Académie. Campenon l’en félicita en vers :

L’esprit et le bon goût nous ont rassasiés ;
J’ai rencontré des cœurs de glace
Pour des vers pleins d’âme et de grâce
Que Malfilâtre eût enviés.

Une rue de la Pointe-à-Pitre porte le nom de Campenon.



RETOUR DE L’ENFANT PRODIGUE
(Azaël, jeune Hébreu, ayant abandonné son père Ruben,
qui habite le pays de Gésen, retourne au foyer familial
).

L’infortuné qui perd tout ce qu’il aime
Fuit les humains, et, dans son deuil extrême,
Cherche un désert où sa douleur du moins
S’égare en paix, et pleure sans témoins.
Là, dans une âme à ses devoirs fidèle,
Le souvenir de tous les soins rendus,
Sans consoler de nos amis perdus,
Aide à souffrir leur absence éternelle.
Mais quel tourment ! quels pénibles efforts,
Quand, dans ce cœur que la douleur oppresse,
La solitude alimente sans cesse
Des souvenirs qui sont tous des remords !
À ce tourment, Azaël est en proie ;
Dans l’amertume où son âme se noie,
Il garde à peine une confuse idée ;
Mais, de remords son âme est possédée.
IL craint toujours que ses excès passés,
Par tant de maux, ne soient point effacés ;