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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE



La Guadeloupe et la Martinique, c’est un lieu commun que de le répéter, aiment passionnément la Mère-Patrie. Elles font indissolublement partie de la France. Parlant du haut de la tribune de la Chambre, le 3 juillet 1897, un grand orateur parlementaire, qui fut en même temps un grand poète, je veux dire Jean Jaurès, exprimait de son côté, j’en suis convaincu, les sentiments de la grande majorité des Français de la métropole lorsqu’il s’écriait :

"Nous nous sentons liés envers les îles lointaines d’une particulière affection, parce qu’elles ont été mêlées de près, malgré la distance, à toutes les émotions et à toutes les vicissitudes de la vieille France et de la France nouvelle, parce qu’elles ont été un morceau de l’histoire française palpitant sous d’autres cieux... »

La Guadeloupe et la Martinique sont des îles d’enchantement. Elles sont malheureusement peu connues de la plus grande partie du public métropolitain. Je sais bien que la distance est grande du Havre ou de Saint-Nazaire à Basse-Terre et à Fort-de-France. Mais le voyage, je vous l’assure, en vaut la peine.

Parlant le 18 février 1917 à l’Université des Annales, de la Guadeloupe qui avait été l’émerveillement de sa vie, M. Henry Bérenger, sénateur de la colonie, historien, homme politique et poète, s’exprimait ainsi :

"Lorsque après avoir traversé pendant de longs jours les solitudes éblouissantes de l’Atlantique tropical, le voyageur d’Europe aborde en rade de Pointe-à -Pitre, un seul mot s’impose à lui pour fixer les traits du spectacle qui lui est offert : Emeraude.

"D’autres îles, mères des dieux et des hommes, la Sicile, Corfou, Ceylan, peuvent se comparer à la Guadeloupe pour la noblesse des lignes et la grâce des formes. Mais où retrouver ailleurs qu’en elle cette splendide Emeraude auprès de laquelle toutes les