Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
À LA PENSÉE FRANÇAISE

Un sceptre, une amante et Carthage,
Que te fallait-il davantage,
Lâche ennemi de ton bonheur ?
Va, fuis avec des dieux que l’Olympe délaisse.
Les cœurs livrés à la faiblesse
Sont des cœurs perdus pour l’honneur.

Est-ce ainsi que trembla le héros de Larisse,
Lorsque des cieux tonnants il entendit la voix
Dicter jadis l’arrêt du fatal sacrifice
Qu’un prêtre sanguinaire ordonnait à des rois ?
On vit l’impétueux Achille,
Au sein de la foule imbécile
S’élançant le fer à la main,
Arracher à Calchas la victime innocente,
Et pour sauver sa jeune amante,
Disperser un peuple inhumain.
Du disque étincelant qui roule sur nos têtes.

Souvent nous avons vu, dans les plaines des airs,
Un nuage pesant, précurseur des tempêtes,
Obscurcir les rayons voilés à l’univers ;
Des nobles fils de l’harmonie,
Ainsi l’on a vu Polymnie
Quelquefois tromper les efforts ;
Mais le soleil bientôt sort vainqueur des ténèbres,
Et bientôt les chantres célèbres
Reprennent leurs brillants accords.

Enée, amant pieux et guerrier inutile.
Ton nom que Calliope abandonne au mépris
Sur le trône des arts fait chanceler Virgile ;
Vainement pour ta gloire il trompa son pays ;
Eh ! quel sera donc le partage
De la constance et du courage,
Des vertus et de la grandeur,
Si cet enfant, qui pleure avec ses dieux stupides,