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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

une autre cause et sur un autre champ de bataille. Sur la pierre faisant face à la mer, est gravée l’inscription suivante :

"Aux mânes du général en chef Richepance
La colonie et l’armée en deuil."

Sur la face opposée, regardant la montagne, on lit :

"GPe
AnX
à 32 ans !
mais combien n’a-t-il pas vécu pour la
gloire et pour la patrie !"

La Guadeloupe est fière, malgré tout, de posséder ce tombeau.

Plus loin, dans une gorge profonde, sur un des versants de la Soufrière, le passant attentif distingue, en écartant les branches, des décombres envahis par l’herbe, des crevasses qui paraissent avoir été des fossés, quelque chose qui ressemble à des débris de fortifications. C’est ce qui reste des bâtiments de l’ancienne habitation d’Anglemont, où Delgrès, après un suprême appel à la France, se fit sauter avec trois cents des siens. Rien n’indique à qui ne le sait plus, que dans ce lieu solitaire s’accomplit un acte héroïque.

J’ai fait, en janvier 1894, quelques jours avant le centenaire du décret de la Convention, une double visite à ces ruines silencieuses et au cimetière du fort Saint-Charles, et j’en suis revenu avec un égal respect pour le vainqueur de Hohenlinden et pour le vaincu de d’Anglemont.