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À LA PENSÉE FRANÇAISE

entière qu’il promettait devait se concilier avec quelques exceptions, avec l’ordre et la discipline, tels que les concevait le chef du Gouvernement métropolitain. Ce qui est certain, c’est que, par son arrêté du 17 juillet 1802 (30 messidor an X), il organisait un état de fait qui n’était pas tout à fait l’ancien esclavage consacré par des édits royaux, mais qui y ressemblait singulièrement. Il faut dire encore, pour tout envisager, que cet arrêté n’était probablement pas autre chose que l’exécution, à laquelle Richepance n’avait pas le pouvoir de se soustraire, de la trop fameuse loi du 30 floréal an X (20 mai 1802). La veille même, 16 juillet, un arrêté consulaire rendu à 1.500 lieues de distance, avait soumis toutes les colonies, y compris la Guadeloupe, au régime antérieur à 1789. La solution finale était donc préalablement arrêtée dans les conseils du "premier des blancs". Delgrès et ses compagnons ne s’étaient pas trompés.

Les documents officiels publiés à cette époque, non sans certaine discrétion, évidemment, contiennent, d’ailleurs, des constatations significatives. Dans une lettre au Gouvernement, du 19 messidor an X (6 juillet 1802), Richepance écrit : "Il est certain qu’ils (les révoltés) ont pris les armes, sur le soupçon que ma mission avait pour objet de dissoudre la force armée noire, et de ramener à la culture une partie d’entre eux".

Leclerc est plus explicite : "Je vous avais prié, écrit-il au Premier Consul, le 6 août 1802 (20 thermidor an X), de ne rien faire qui pût leur faire craindre pour leur liberté, jusqu’au moment où je serais en mesure, et je marchais à grands pas vers le moment. Soudain est arrivée ici la loi qui autorise la traite dans les colonies, avec des lettres de commerce de Nantes et du Havre, qui demandent si on peut placer ici des noirs. Plus que tout cela, le général Richepance vient de rétablir l’esclavage à la Guadeloupe. A présent que nos