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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE
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« Et, ajoute M. Raoul Rosières, remarquez combien d’expressions tenues aujourd’hui pour particulièrement lamartiniennes apparaissent déjà ici : la « carrière », le « char de lumière ».

« Lamartine continue, dit M. Raoul Rosières :

« Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
« Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
« Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé

« Comment ne pas se ressouvenir ici de cette strophe analogue de Léonard, dans l’Absence ?

« Ah ! Doris, que me font ces tapis de verdure,
« Ces gazons émaillés qui m’ont vu dans tes bras,
« Ce printemps, ce beau ciel, et toute la nature,
« Et tous ces lieux enfin où je ne te vois pas ? »

M. Raoul Rosières conclut que de son prédécesseur Alphonse de Lamartine « a gardé forcément l’esprit et le vocabulaire », que « sa lyre, pour merveilleusement harmonieuse qu’elle fût, ne faisait entendre que des chants déjà entendus ».

En comparant les œuvres des deux poètes, nous avons fait de curieuses observations : ainsi l’expression l’« océan des âges », que de Lamartine emploie dans le Lac et les Recueillements, avait déjà servie à Léonard quand, parlant du soleil, il avait dit dans les Saisons :

Et ton astre, emporté dans l’océan des âges… etc.

Il est indéniable que Alphonse de Lamartine s’est quelquefois inspiré de Léonard, ainsi que d’autres poètes. On retrouve dans les œuvres de celui-là, le développement des mêmes thèmes, les mêmes images et, aussi, la même harmonie dont s’est servi celui-ci. Un dernier exemple pour finir :

Léonard a écrit :

Enfin je vous revois, délicieux vallons !
Lieux où mes premiers ans coulaient dans l’innocence !
……
Je prétendais fixer ma course vagabonde :
Vivre avec mes voisins dans une paix profonde.
xxxxxxxxxxxxxxxx vieillir sous le marronnier
Dont la cime touffue ombragea mon enfance.

De Lamartine, dans ses Méditations Poétiques, a dit :

0 vallons paternels, doux champs…
Reconnaissez mes pas, doux gazons que je foule.
Beaux lieux, recevez-moi dans vos sacrés ombrages !
Oui, je reviens à toi, berceau de mon enfance