Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Guadeloupe, il devait finir sa carrière à Avignon, comme trésorier-payeur de Vaucluse.

« Il est arrivé par la démocratie, dit Alexandre Hepp dans ses Quotidiennes de 1897, il est de ceux qui la feraient aimer malgré tout ». Avec Raspail, Clémenceau, Lockroy, Floquet, etc., Germain Casse avait signé la proposition de loi déposée le 21 mai 1880, aux fins de déclarer que « la République adopte la date du 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle ».

C’est, on peut le dire, la voix de Germain Casse qui permit d’établir légalement la République en France. On sait, en effet, que l’amendement Wallon, qui donnait au chef du Pouvoir exécutif le titre de président de la République, ne fut voté, le 30 janvier 1875, qu’à une voix de majorité : soit par 353 voix contre 352 — celle de Germain Casse[1].

Sous la signature de J. Cornély, le Figaro, en 1900, a rapporté le fait comme suit : « Au temps où fut fondée la Troisième République, un publiciste ingénieux fit remarquer que la majorité parlementaire qui vota la République ayant été d’une voix, l’établissement du gouvernement en France, dépendit de l’adhésion d’un député colonial[2] ».

Ce député colonial fut Germain Casse, car si Paul de Cassagnac avait été élu à la Guadeloupe, la majorité parlementaire qui vota la République se déplaçait, et alors ?…

En juillet 1934, la fille de Germain Casse, Mme Germaine Casse, artiste-peintre, organisait à Paris une exposition de tableaux et de dessins rapportés de ses missions aux Antilles.

Un journal, rendant compte de cette exposition, a donné le détail suivant : « Dans un petit salon, un buste de Germain Casse, dont la tête puissante rappelle si étrangement celle d’Alexandre

  1. Henri-Alexandre Wallon, qu’on appelle « le père de la Constitution de 1875 », avait été, en 1848, premier député suppléant de la Guadeloupe à l’Assemblée Constituante. Il avait été proposé par Perrinon. Professeur à la Sorbonne, Wallon avait écrit un ouvrage savant sur l’Esclavage dans les Colonies (1847) et il était secrétaire de la commission de l’abolition de l’esclavage du Gouvernement Provisoire.
  2. Dans la 3e édition de son ouvrage : Principes de Colonisation et de Législation Coloniales, parue en janvier 1906, M. Arthur Girault, professeur d’économie politique à l’Université de Poitiers, parlant de la représentation parlementaire des colonies, dit : « Il n’y a pas lieu de parler ici de la dette de reconnaissance que le parti républicain a contracté envers eux (les députés des colonies) ». « Les représentants des colonies, a dit M. Isaac, ont contribué à fonder la République à une époque où une seule voix de moins eût changé du tout au tout le caractère de la Constitution. S’il arrivait qu’un jour, une voix fut encore nécessaire pour sauver l’avenir de la démocratie cette voix se retrouverait dans la représentation coloniale ».