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Tu compris que ta voix saurait un jour peut-être.
Au sort du malheureux porter quelque bien-être ;
Tu voulus désormais te créer un renom,
Et tes premiers labeurs consacrés sans relâche
À remplir en tous points cette nouvelle tâche,
Te l’acquirent, ô Perrinon !

C’est alors qu’on te vit, cultivant ton génie.
Ajouter aux ressorts de notre artillerie
Le secret dont tu fus le modeste inventeur[1].
La patrie en retour, sur ta noble poitrine,
Attacha le ruban et la fleur argentine,
La belle étoile de l’honneur.

Lorsque le Peuple-Roi, d’un pouvoir énergique.
Posa les fondements de notre République,
La France à nos pays promit la liberté.
Tu voulus, le premier, sur ce lointain rivage,
À tes frères courbés sous un dur esclavage,
Porter la sainte égalité.

Ton front que sillonnait une ride profonde,
Dans la réflexion embrassait tout un monde
De projets généreux et d’avenir meilleur ;
Ta voix portait à tous les feux de ta belle âme,
Et dans tes yeux brillait une éternelle flamme
Comme un reflet de ton grand cœur.

Tu parus sur nos bords, et ta voix fraternelle
Nous promit d’heureux jours en cette ère nouvelle
Comme l’astre caché dans un sombre horizon,
Se détachant soudain des portes de l’aurore,
À nos yeux étonnés promet un jour encore,
Un jour heureux pour la saison.

  1. Le canon à piston.