Page:Lara - Contribution de la Guadeloupe à la pensée française, 1936.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

généraux, des administrateurs, mais encore une célébrité dans la peinture, cette sœur de la poésie.

Lethière (Guillaume Guillon), peintre d’histoire, un des plus distingués de l’école française, est né à Sainte-Anne (Guadeloupe), le 10 janvier 1760. Il était fils naturel de Pierre Guillon, qui le reconnut le 18 germinal an VII. Comme il était le troisième enfant, il reçut le nom de Letiers, qu’il changea en Lethiers, puis en Lethière, orthographe qu’il conserva, bien que plusieurs de ses tableaux soient signés Le Thière, en deux mots. Du reste, il variait souvent sa signature : tantôt, il signait G. Guillon Lethière, tantôt G. Lethière, etc[1].

Son père voyant se développer chez le jeune Guillaume, dès son enfance, les plus heureuses dispositions pour le dessin, l’envoya en France, en 1774. Il avait alors 14 ans.

Il fut d’abord placé chez le peintre Descamp, professeur à l’Académie royale de Rouen. Pendant les trois années qu’il passa près de lui, il fit honneur à son maître, en remportant plusieurs prix. Ces succès encouragèrent son père à cultiver ce talent naissant, et il envoya son fils, en 1777, à Paris, où il pouvait se perfectionner a l’étude des grands maîtres et se mettre en contact avec des artistes distingués.

Dès son arrivée dans la capitale, Lethière entra à l’école de Doyen, peintre du roi. Il travailla sous ses auspices et devint un de ses meilleurs élèves : en 1784. il remporta à l’Académie, le deuxième grand prix de Rome, dont le sujet de composition était : La Chananéenne aux pieds de Jésus. Ce tableau est au Musée

12
  1. Un fils de Lethière, Lucien, avait épousé une Haïtienne, Mlle Faubert, celle-ci créa à Port-au-Prince une Institution de jeunes filles. « Cette alliance avec la famille du remarquable membre de l’Institut de France valut à notre pays le don du beau tableau de Lethiers : Noir et Jaune s’unissant sous l’œil de Dieu, que l’on peut encore admirer à la cathédrale de Port-au -Prince. Le portrait de Madame Lucien Lethiers peint par sa belle-sœur sous la dénomination : la Belle Créole, se trouve dans la grande salle du Musée du Louvre à Paris. Il fut acquis par le Gouvernement français de la famille Fauberts aîné. » (La Presse de Portau-Prince du 26 avril 1930).