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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

Les caravelles avaient terminé leurs provisions ; Colomb mit à la voile le 20 avril. Le pillage et l’incendie de leurs carbets avaient exaspéré les Caraïbes qui, pour en tirer vengeance, firent plusieurs expéditions contre les Espagnols établis à Hispaniola. Ils se liguèrent ensuite avec les Caraïbes de Madinina, des autres îles et tous se précipitèrent sur Hispaniola, San-Juan et les ravagèrent. Ces dangereuses incursions inquiétaient souverainement les Espagnols, et, en 1515, une petite flottile de trois voiles, commandée par Juan Ponce de Léon, partit de Cadix pour aller enlever aux Karukériens la Guadeloupe, principale forteresse des Caraïbes. Cette expédition échoua complètement. Cinq ans plus tard, Antonio Serrano essaya d’établir une colonie à la Guadeloupe, avec autorisation de commander sur toutes les îles environnantes, Martinique, Barbade, Dominique, Antigoa, Montserrat. Le brevet de gouverneur lui fut octroyé, en 1520, par Diégo Colomb, fils de l’illustre navigateur. Cet essai de colonisation n’eut aucun succès et les Caraïbes repoussèrent tous les Espagnols qui descendaient dans leur île, soit pour trafiquer, soit pour faire de l’eau, à cette rivière qui porte encore aujourd’hui le nom des Galions.

Cette fureur contre les étrangers n’était cependant dirigée que contre les Espagnols. En novembre 1618, un navire français ayant fait naufrage sur les côtes de la Guadeloupe, les marins furent accueillis, traités avec une large hospitalité, et y vécurent, sans courir aucun danger, pendant seize mois.


IV




Jusqu’en 1625, c’est-à -dire pendant plus d’un siècle, les Espagnols, maîtres du Nouveau-Monde en vertu d’une bulle d’Alexandre VI du 12 mai 1493, n’avaient admis au partage de ce vaste empire que les Portu-