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À LA PENSÉE FRANÇAISE

Colomb se décida alors à se ravitailler à la Guadeloupe, la plus importante de ces îles, et vint jeter l’ancre à Marie-Galante le samedi 9 du même mois. Le lendemain, il se dirigea sur la Guadeloupe et mouilla à une certaine distance du rivage, probablement près de la pointe appelée depuis Vieux-Fort sur laquelle était construit un village considérable. Il envoya à terre plusieurs chaloupes, bien armées. Au moment où elles allaient aborder, des femmes, en assez grand nombre, sortirent d’un bois, armées d’arcs et de flèches, et se disposèrent à empêcher le débarquement. La mer était houleuse et les vagues se brisaient avec furie sur le rivage. Les embarcations s’éloignèrent pour se mettre hors de la portée des flèches, et un Indien qui se trouvait avec les Espagnols se jeta à la nage, prit terre et annonça à ces femmes qu’on venait faire des provisions contre l’échange d’objets de grande valeur. Elles répondirent de cotoyer l’île vers le Nord où l’on trouverait leurs maris.

Les embarcations prirent cette direction et voulurent atterrir à l’endroit où étaient les guerriers caraïbes. Ces derniers lancèrent une grêle de flèches empoisonnées, mais ils furent repoussés à coups d’arquebuses, laissant, contrairement à leur habitude, leurs morts et leurs blessés sur le rivage, ils se réfugièrent dans les bois et les montagnes.

Les Espagnols purent opérer leur débarquement, et marchèrent le long du rivage. Malgré les ordres formels de Colomb, ils pillèrent tout sur leur passage, et livrèrent aux flammes les carbets. Les embarcations gagnèrent ensuite les caravelles.

Colomb prescrivit aux équipages de faire du bois et de l’eau et de préparer la cassave ; il envoya quarante hommes opérer une reconnaissance dans l’intérieur de l’île. Cette troupe revint le 12, amenant prisonniers dix femmes et trois enfants.

Colomb les garda jusqu’au moment de son départ et les relâcha après leur avoir donné de petits présents.