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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

été entièrement accepté. Il était trop long, on l’a raccourci et celui de la Guadeloupe a seul prévalu. La partie de l’île, dans la rade de laquelle Colomb avait jeté l’ancre, a cependant retenu la première partie du nom par lui imposé.

Quand on reconnut que cette île était partagée en deux parties, séparées par un bras de mer, appelée Rivière Salée, on désigna la portion volcanique sous le nom de Guadeloupe proprement dite, et la portion calcaire sous celui de Grande-Terre.

III




Les crimes, les rapines commis par les Espagnols à Hispaniola et Cuba, étaient connus dans toutes les îles de l’Archipel. l’auri sacra fames avait fait subir aux innocentes et molles populations de ces deux grandes îles le sort le plus cruel. Le meurtre, le viol, le pillage avaient marqué les pas de ces aventuriers que Colomb ne pouvait toujours retenir. La haine contre l’étranger spoliateur et parjure était vivace. Les intrépides habitants de la Guadeloupe n’étaient point d’humeur à se laisser traiter comme les naturels si doux dans les grandes Antilles, et avaient pris la ferme résolution d’empêcher les Espagnols de débarquer dans leur île.

Colomb effectuait son retour en Espagne après son troisième voyage. Il ne pouvait avoir encore une parfaite connaissance de ces mers nouvelles. Il fit voile d’Hispaniola le 10 mars 1496, mais au lieu de se diriger vers le Nord pour rencontrer les vents d’Ouest, il piqua entre les tropiques, et eut contre lui les vents d’Est. Sa navigation fut rude et laborieuse et il ne tarda pas à être pris par les calmes. Le 6 avril, il se trouva dans le voisinage des îles caraïbes. Les équipages de ses deux caravelles, la Santa Cruz et la Nina, étaient fatigués et malades, et les provisions diminuaient rapidement.