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À LA PENSÉE FRANÇAISE

nom de son vaisseau : Maria-Galanda (Marie-Gracieuse), que les Français, par corruption, ont prononcé Marie-Galante.

Les Espagnols ne rencontrèrent aucun être humain, ni aucune bête, à l’exception, dit Pierre Martyr, des lézards "d’une magnitude non ouie". Du point où se trouvait la flotte, on apercevait une île dont les hautes montagnes se déroulaient en un magnifique amphithéâtre.

L’atmosphère était pure. Le soleil tropical jetait tous ses ors. La nature inconnue étalait ses magnificences pour faire fête aux étrangers qui surprenaient pour la première fois ses secrets.

Le 4 novembre, la flotte se dirigea vers cette île, portant le cap sur une montagne, surmontée d’un pic aigu, dont les flancs recélaient un volcan, et dont le cratère vomissait des torrents de fumée et d’étincelles. Le volcan était sans doute en éruption, car des grondements formidables s’entendirent très loin. "Les Espagnols virent à trois lieues un rocher fort haut et en pointe, d’où il sortait une quantité d’eau qui faisait un si grand bruit en tombant, qu’ils l’entendirent des vaisseaux."

Il jaillissait de la montagne un courant d’eau. "Quand ils ne furent plus qu’à trois lieues, dit Washington Irving, ils contemplèrent une cataracte d’une telle hauteur, que, pour nous servir des expressions du narrateur, elle paraissait tomber du ciel. Comme elle se brisait en écumes dans sa descente, plusieurs s’imaginèrent que c’était simplement une couche de rochers blancs."

C’est la belle chute de la rivière du Grand Carbet. Fernand Colomb, qui a écrit une relation de ce voyage, continue ainsi :

"Quand ils furent près de l’île, l’amiral envoya un capitaine avec quelques soldats pour la reconnaître. Ils ne trouvèrent personne, les Indiens avaient fui sur