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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE

La flotte mouillait le 1er octobre dans le port de la Grande-Canarie, et le 5 dans celui de l’île Comère, pour faire provision de bois et d’eau. Colomb y acheta des bœufs et des génisses, des boucs et des chèvres, des moutons et des brebis, des verrats et des truies, des coqs et des poules, qu’il devait déposer sur les terres déjà découvertes et sur celles qu’il découvrirait. Il embarqua des semences d’oranges, de limons, des bergamotes, des melons et d’un grand nombre de plantes potagères.

Le 7 octobre, il mettait à la voile. Dans la nuit du 26 au 27, d’après Fernand Colomb, du 2 novembre, d’après les historiens Chanca, Herrera et Pierre Martyr d’Anghiera, il reconnut à la couleur de la mer, à la nature des vagues, au brusque changement des vents, à la fréquence des grains qui l’assaillaient, que la terre n’était pas éloignée.

Il ne se trompait pas. Mais en attendant le jour, il fit serrer les voiles et donna l’ordre de veiller. A l’aube du dimanche, les montagnes d’une île se dessinèrent. Le nom de Dominique lui fut imposé. L’ordre de marcher en avant fut signalé et exécuté au milieu des vivats frénétiques des équipages. A mesure que la flotte avançait, d’autres îles apparaissaient. Des bandes de perroquets et d’autres oiseaux se rendaient de l’une à l’autre.

Tous les équipages, assemblés sur le pont de chaque navire, remercièrent Dieu de leur heureux voyage, puis entonnèrent le Salve Regina et d’autres hymnes. La flotte longea la côte du vent de la Dominique couverte de forêts des bords de la mer au sommet des montagnes, et ne trouvant aucune baie favorable à un mouillage, se dirigea vers une île voisine qui projetait un long promontoire et alla jeter l’ancre dans une baie qui ne peut être que celle désignée de nos jours sous le nom d’Anse-Ballet.

Colomb descendit à terre et prit possession de l’archipel au nom de ses souverains. Il donna à l’île le