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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE



La route coloniale serpente le long du rivage dont elle s’éloigne par endroits pour s’en rapprocher ensuite. Tantôt elle s’encaisse entre des roches aux flancs abrupts et sauvages; tantôt elle s’élance à travers de frais et charmants vallons, des champs de maïs qui alternent avec des champs de manioc et de bananiers, mais toujours dominée elle-même par les grandes chaînes de montagnes qui s’allongent à perte de vue dans les profondeurs infinies de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie.

Ce sont d’abord les gorges boisées du Plessis des Vieux-Habitants et de Beaugendre, ensuite l’Anse à la Barque, qui sert d’abri aux navires pendant les ras de marée et les coups de vent si communs en nos climats. Mais, avant d’y arriver, donnons un coup d’œil aux tamariniers du Matoubi. Ils se tiennent gravement assemblés sur la rive et. tandis qu’ils chantent leur grand air monotone, le va-et-vient des flots sur la grève leur fait un accompagnement moqueur.

Enfin, voilà Bouillante, la bien nommée, avec ses sources d’eau chaude qui fument sur son rivage de sable fin, et son joli groupe de l’Ermitage, qu’un isthme en miniature rattache à la terre ferme comme un bijou de prix curieusement ciselé.

Plus loin encore, c’est la Pointe-Noire et ses pau- vres roches que la mer découpe et polit avec amour. On y arrive en longeant la Grande et la Petite Plaine ; ces deux oasis décorées de touffes de bambous et de colonnades de palmistes.

Après et, pour finir, c’est Ferry sous ses cocotiers et Deshayes, où se termine notre voyage.

Soit que le bateau glisse sur le cristal limpide d’une petite baie, soit qu’il fende au large les lames courtes et brillantes, bleues dans le lointain, vertes et frangées d’écume dans le sillage du navire, tout est lumière, apaisement, quiétude sur cette côte enchantée. Les caps avec leurs airs de défi, les falaises éventrées, les mon-