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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE



choisir entre la politique coloniale de M. Guizot et celle de Richelieu, le gouvernement de la République française, et, avec lui, les Chambres ont opté hardiment pour cette dernière. Comme présidents du Conseil des ministres, MM. Jules Ferry, Gambetta, Freycinet, M. Duclerc, M. Fallières ont nettement et successivement arboré ce drapeau. Tout récemment encore, le 31 décembre 1883, M. Jules Ferry, président du Conseil des ministres, a formul éloquemment à la tribune le programme de cette politique, en s’exprimant ainsi : "La France n’est pas seulement une puissance continentale, elle est aussi la seconde puissance maritime du monde… Il faut à la France une politique coloniale. Toutes les parcelles de son domaine colonial, ses moindres épaves doivent être sacrées pour nous, d’abord parce que c’est un legs du passé, ensuite, parce que c’est une réserve pour l’avenir… Il est impossible, il serait détestable, antifrançais d’interdire à la France d’avoir une politique coloniale."

De nos jours, la plupart des hommes d’État, les publicistes, les économistes, les pouvoirs publics, reconnaissent la justesse de ces idées. En novembre 1883, en inaugurant les séances du Conseil Supérieur des Colonies, M. l’amiral Peyron, ministre de la Marine et des Colonies, disait : "… Les colonies ne sont pas seulement des postes militaires où flotte le drapeau de la France et qu’il suffit de garder comme des points de défense et de ravitaillement : ce sont surtout des fractions du territoire de la République placées sur tous les points du globe, pour recevoir et répandre les idées civilisatrices de la Mère-Patrie".

On peut dire que ces sages paroles répondent aujourd’hui au sentiment éclairé de l’opinion publique.

Grâces à Dieu, la France semble revenir aux idées de Richelieu, de Colbert et de tant d’hommes éminents.

Janvier 1884.