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À LA PENSÉE FRANÇAISE



Mais avant M. Jules Mouquet, on avait déjà attribué à Baudelaire le sonnet A Madame Dubarry, et Jules Levallois, dans la Lecture Illustrée du 25 avril 1897, avait rectifié le fait : "… Privat est déjà si pauvre. Allons-nous encore le dépouiller de son sonnet" s’était-il écrié.

Il est arrivé que, pauvre, toujours à la "chasse perpétuelle de la pièce de cent sous", dit Charles Monselet, Privat (comme l’appelaient ses amis) écrivit pour d’autres : le chef-d’œuvre d’Eugène Sue, le Juif-Errant, est de sa plume et les Mystères de Paris sont les résultats de ses observations. Il écrivait à son frère, à la Guadeloupe : "…M. de Balzac me disait il y a deux jours en me voyant si défait : — Eugène Sue profite de votre paresse, car sa place vous est réservée. Avec l’argent qu’il vous donnera pour son Juif-Errant que vous avez fait, vous le culbuterez. S’il peut vous tuer avant, il fera bien ![1]"

Malade, phtisique, il mourut, le 18 juillet 1859, à l’âge de quarante-trois ans, à la Maison Dubois, où, grâce à la Société des Gens de Lettres, il eut tous les soins nécessaires. Beaucoup de ses amis, dont Henri Mürger, Melvil-Bloncourt, Roger de Beauvoir, Lherminier, Michel Masson, etc., le conduisirent au cimetière Montmartre.

Alexandre Privat d’Anglemont a laissé deux ouvrages d’une grande valeur par leur originalité : Paris Anecdote et Paris Inconnu, faisant connaître un Paris très curieux et disparu.

Il arrive souvent à des journalistes qui veulent parler des quartiers disparus de Paris d’avoir recours aux études de Privat d’Anglemont. Ainsi lorsque, en juillet 1930, la Cité Doré, l’ancien quartier général des chiffonniers, fut détruite, M. Léon Maillard, dans le Soir (6 juillet 1930), rappela les « études du délicat poète Privat d’Anglemont » qu’il louangea.

Beaucoup d’écrivains, dans des ouvrages comme Mes Souvenirs de Théodore de Banville, le Dictionnaire Manuel Illustré de Charles Gidel, les Derniers Bohèmes de Firmin Maillard, la Lorgnette Littéraire, etc., rendent un pieux hommage à la mémoire de Privat d’Anglemont et reconnaissent son talent.

  1. Nous avons eu sous les yeux l’original de cette lettre. Cette révélation a fait l’objet d’une controverse, dans les Annales Politiques et Littéraires (numéro du 16 juin 1907) entre M. Sergines et nous. La question a été reprise dans des articles intitulés : Une controverse littéraire, publiée, en 1907, dans la Martinique de Fort-de-France.

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