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CONTRIBUTION DE LA GUADELOUPE



cas démontre — une fois de plus — cette alliance de la plume et de l’épée qui est, en France, traditionnelle. "Il n’y a pas d’exemple qu’un héros n’ait pas été un bon écrivain ou, — s’il n’écrivait pas, — un bon narrateur. L’acte noble accouche la pensée juste et fortement exprimée." (Léon Daudet).

Cest en 1844, qu’Aristide de Gondrecourt fit paraître son premier roman, Les Derniers Kerven, épisode de la guerre des Deux-Roses, en 2 vol. in-8.

Il ne cessa de produire et parvint à être un romancier distingué. Parmi ses ouvrages, citons au hasard : Médine, publié en 2 vol. in-S, en 1845, La Marquise de Candeuil, en 1846; Les Péchés Mignons, 2 volumes, en 1847 ; Un ami diabolique, 6 volumes, en 1848 ; Le Bout de l’oreille, 7 volumes, en 1853 ; Mademoiselle de Gardonne, en 1853 ; Le Baron la Gazette, paru la même année ; les Mémoires d’un vieux garçon, en 10 volumes ; Les Prétendants de Catherine ; L’Amour en Bivouac ; Le Ménage Lambert ; le Mendiant ; La Pays de la Soif ; La Guerre des Amoureux ; Le Général Chardin ; Le Pays de la Peur ; Le Sergent La Violette ; Le Rubicon, etc., etc.

A part ces œuvres, Aristide de Gondrecourt a publié dans beaucoup de journaux et revues des romans-feuilletons qui n’ont pas paru en volume ; ainsi Le Bout de l’Oreille est paru dans La Presse, avant d’être édité.





LA BOUCHÉE DU ROI




Le vicomte de Fontac, qui joignait aux qualités d’homme du monde les perfections du corps dans leur plus gracieuse beauté, devait, ce soir-là, souper avec un vieil ami de sa famille, l’abbé de Brionne.

Depuis deux longues heures, il attendait ; demeuré seul dans le cabinet de M. de Brionne, il avait traîné un fauteuil devant la cheminée, s’y était plongé, comme harassé de fatigue, et avait fermé les yeux à demi. Pendant que toutes sortes de pensées traversaient l’esprit du vicomte comme autant d’éclairs, un violent coup de sonnette retentissait à la grille, et le maître de la maison entrait dans le salon, appuyé sur une longue canne à pomme d’ivoire, suivi de dame Benoîte, sa cuisinière et de Mademoiselle Marthe, sa gouvernante.