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Cher pays, je m’en vais dormir sous tes grands chênes,
D’un inutile amour j’emporte les remords.
Pourtant s’il faut livrer des batailles prochaines,
Parmi les bons soldats compte aussi tes vieux morts.

Tu le sais mieux que moi, chère âme de la France,
Les amours que Dieu veut survivent au trépas ;
Tous ceux qui dans le Christ ont mis leur espérance
L’immense éternité ne les sépare pas.

Aux œuvres d’ici-bas fidèles ouvrières,
Les âmes de nos morts ont la meilleure part ;
Il se forme un faisceau d’indomptables prières,
Des légions d’esprits qui vaincront tôt ou tard.

Du jour où tu reçus ton illustre baptême,
Où le Christ a dressé tes premiers bataillons,
Du temps des vieux croisés à notre temps lui-même,
Tes soldats dans le ciel comptent par millions.