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écrites. Mais précisément parce qu’elles s’adressent à ce qu’il y a de plus intime dans la vie morale, elles n’offrent aucune de ces sollicitations à l’action qui se traduisent avec plus d’éclat, mais qui aboutissent à l’imagination, aux passions, au tempérament beaucoup plus qu’à l’âme elle-même. Nous comprenons très-bien, du reste, cette accusation à nous jetée d’être en dehors de la vie, de la part des esprits entraînés par le mouvement littéraire et social qui semble triompher aujourd’hui.

La renaissance littéraire de la Restauration a engendré ses excès comme tout ce qui vivifie et renouvelle. Il y eut dès le commencement, dans cette école romantique qui nous restera toujours chère, une malheureuse tendance à faire dominer dans la peinture de l’homme d’abord la sensibilité sur la raison et l’activité morale, puis l’imagination toute seule sur la sensibilité, enfin à remplacer les passions par le spectacle des symptômes physiologiques qui sont les indices de la passion, qui sont la forme extérieure, mais non la réalité, la substance du sentiment. Tout ce qui s’est passé dans la société contemporaine a concouru à faire prédominer dans les lettres et dans les arts cet élément matériel au préjudice du principe moral. A mesure que la peinture, la musique, la poésie ont été contraintes par mille causes diverses de se mettre à la portée d’un public plus nombreux, de s’adresser à des esprits de moins en moins cultivés, de moins en moins maîtres d’eux-mêmes, en