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X

Le Baptême de la cloche


À mon ami B. de Saint-Bonnet.


 
I

Monte à la tour sonore, ô reine des cantiques !
Répands les grands soupirs de ton sein débordants !
Dieu touchait d’un feu pur les lèvres prophétiques ;
Il t’a fait naître aussi dans les charbons ardents.

Le temple t’accueillit tiède encor de la flamme ;
Comme un fils des humains, d’eau, d’encens et de sel,
Le prêtre te baptise en te donnant une âme ;
Prends désormais ta place au chœur universel.

Tu reçois la parole, auguste ministère :
Sur ton front, comme au front d’un pontife ou d’un roi,
L’huile sainte, en coulant, livre à ta bouche austère
Le droit de réunir un peuple autour de toi.

Monte, pour dominer de plus haut nos murmures ;
Pour verser, de ton urne aux flancs mélodieux,
Tes notes, s’épanchant plus fraîches et plus pures,
En des flots d’air puisés plus avant dans les cieux.

Vers la cime où ton maître à jamais t’a placée,
Mille bruits monteront du hameau, du désert ;
Toi tu feras, fidèle à sa grande pensée,
Un accord immuable en ce changeant concert.