Page:Laprade - Psyché, 1857.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mon cœur ici les nomme et parle à chacun d’eux ;
Jamais tant qu’à cette heure, à travers mes nuages,
Si douce leur parole, et si doux leurs visages,
N’ont échauffé mon cœur et lui devant mes yeux.

La pensée a peut-être, affrontant la distance,
Des ailes pour voler vers ceux à qui l’on pense
Sans se perdre à travers le monde aérien !
Vous tous, absents chéris, qui manquez à ma joie,
Des effluves d’amour que mon cœur vous envoie,
Ce vent et ce soleil ne vous portent-ils rien ?

Où va donc, où va donc, si nul ne le devine,
Ce qu’exhale mon sein d’émotion divine ?
Pourquoi ce doux concert, s’il n’est pas entendu ?
Des plantes du désert qui respire la feuille ?
Que deviennent ces fruits que nulle main ne cueille ?…
Donne tous tes parfums, mon cœur, rien n’est perdu !

Vois ! chaque goutte d’eau, que la terre là boive,
Que le vent sur son aile en vapeurs la reçoive,
Retourne à l’Océan, et s’y mêle à son jour !…
Ainsi chaque soupir, chaque extase cachée,
Chaque larme pieuse au coin de l’œil séchée
Vont enrichir au ciel les sources de l’amour.



VII

Dans les Roseaux


 
Si je brise un jour mes chaînes,
Je veux m’enfuir vers les eaux ;